L’intervention militaire reportée à la Saint-Glinglin ?

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

Avec la résolution sur le Mali, adoptée à l’unanimité le 12 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies semble renvoyer aux calendes grecques l’intervention militaire attendue depuis des mois pour libérer les deux tiers de ce pays sahélien du joug des groupes terroristes qui y sévissent en toute impunité (Cliquer pour lire la Résolution en PDF). 

Préparé par la France, et présenté par ce pays, le Maroc et le Togo, tous trois membres du Conseil de sécurité, le texte invite, en effet, le Secrétariat général de l’ONU à travailler avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Africaine (UA) pour présenter dans les 45 jours des « recommandations détaillées et applicables » en vue d’une intervention armée. Il s’agit, notamment, du « concept d’opérations », des effectifs et d’une évaluation des coûts, l’ONU s’engageant, pour ce faire, à mettre des « experts » à la disposition des Africains. 

C’est après, seulement après, au mieux à la fin de 2012, au pire courant 2013, qu’interviendrait une deuxième résolution dans laquelle le Conseil pourra donner mandat pour le déploiement de cette force au Mali. Il faudra mettre les mois à venir à profit pour reconstituer une armée malienne ayant pris la poudre d’escampette devant une poignée de rebelles touaregs, préférant renverser les institutions en place à Bamako et précipiter le pays dans le chaos. 

- Advertisement -

On croit rêver ! Alors que l’homme de la rue se réjouissait à l’idée d’une intervention dans les jours à venir, on n’en était, en fait, qu’aux préliminaires ! La faute en revient en premier lieu aux Maliens – Président de la République, Premier ministre, Forces armées et classe politique réunis sur le banc des accusés – désormais rompus dans l’art du dilatoire et qui n’ont pas su saisir la gravité de la situation. 

Elle en revient ensuite à la CEDEAO, qui n’a pas su présenter en temps et heure au Conseil de sécurité une feuille de route chiffrée et rigoureuse, étalant ses divisions et ses querelles de chapelles (ou de casquettes) sur la place publique, alors même que le feu islamiste couve aux portes de la plupart des Etats membres. Faut-il le rappeler, le Conseil réclame depuis six mois des détails (objectifs, effectifs, commandement, besoins logistiques) sur les modalités de l’intervention ouest-africaine au Mali. Sans succès ! C’est à croire qu’il n’y a pas de spécialistes du génie militaire, ni d’administrateurs de programme, encore moins de logisticiens dans les états-majors et académies militaires des pays membres de la CEDEAO ! 

La responsabilité de la situation incombe, enfin, à l’ONU et aux puissances occidentales, dubitatives, au départ, sur les risques que font peser les groupes salafistes du nord Mali sur leur propre sécurité. 

Une réunion devait se tenir ce 19 octobre à Bamako avec les principaux acteurs (CEDEAO, UA, ONU, Union Européenne) pour tenter – une nouvelle fois – d’élaborer une « stratégie cohérente ». Il faut espérer que l’exercice accouche d’une feuille de route solide, car il en va de l’avenir du Mali, de l’Afrique de l’Ouest et, au-delà, de la sécurité du reste du monde.