Le Togo se plait de nouveau dans des Facilitations mais peine à réunir en interne ses fils autour de ses maux internes

Afriquinfos Editeur
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Lomé (© 2023 Afriquinfos)- Du 25 au 25 juillet dernier, Lomé a abrité des pourparlers entre toutes les parties impliquées dans la crise politique au Soudan pour trouver un compromis face au conflit qui s’enlise dans le pays. Une médiation de plus dans laquelle s’impliquent les autorités Togolaises alors qu’elles sont déjà engagées sur d’autres fronts. Pour les détracteurs du pouvoir de Lomé, ce dernier gagnerait à résoudre la crise politique latente qui prévaut au Togo, que de s’ériger en médiateur de crise à l’extérieur.

A l’image de son père, Gnassingbé Eyadema qui en son temps était l’homme providentiel dans la résolution des crises en Afrique, Faure Gnassingbé s’érige en médiateur dans de nombreuses crises sur le continent. La dernière en date, la crise au Soudan pour lequel des assises se sont tenues à Lomé avec la participation de politiciens, activistes, membres de la société civile et autres leaders du Darfour. Avant cela, le Chef d’Etat togolais avait été désigné par ses pairs de la CEDEAO, médiateur de la crise au Mali. Lomé a également joué les bons offices dans la résolution de la crise tchadienne après le décès du président Idriss Déby Itno. De nombreuses consultations ont été menées auprès des rebelles tchadiens pour recueillir leurs revendications en vue de leur contribution au dialogue national tchadien.

Fort de cette longue tradition de médiation, le Togo aspire à jouer un rôle prépondérant sur le continent dans l’apaisement des crises. Le pays dirigé par Faure Gnassingbé a en effet démontré sa capacité à concilier les points de vue divergents. A titre illustratif, dans le cadre des tensions entre la Côte d’Ivoire et le Mali, il avait facilité la « remise totale de peine » aux 49 militaires ivoiriens condamnés au Mali.

Ces succès diplomatiques du Togo sur le continent, contrastent avec la situation politique dans le pays. Depuis des décennies, parti au pouvoir et opposition peinent à tenir un dialogue qui aboutisse à une réconciliation nationale après les crises de 2005 et 2020. De nombreux militants de l’opposition vivent toujours en exil.  Parmi eux, l’opposant Agbeyomé Kodjo, candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), une coalition de partis politiques d’opposition lors de l’élection de février 2020. Ce dernier depuis son exil, continue de revendiquer sa victoire : « Je continuerai sans relâche, car au-delà de ma personne, c’est le peuple togolais qui a été spolié, c’est la décision du peuple togolais qui a été bafouée. C’est un scandale avec la subornation de plusieurs personnalités, qui savent et se taisent. Ces personnes font fi de la tragédie du peuple togolais, du sort des prisonniers politiques et du système liberticide qui régente la vie de nos populations. Je ne renoncerai donc jamais car c’est de la Nation togolaise tout entière dont il s’agit. Mon combat s’inscrit dans la lutte des patriotes de tous horizons qui travaillent sans relâche pour l’émergence d’un Togo démocratique uni et prospère. »

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Le Togo est en effet le seul pays de la sous-région ouest africain à ne pas connaitre d’alternance. Soixante-trois après son indépendance, le pays a été dirigé entre autres par Gnassingbé Eyadema, décédé en février 2005 après 38 ans passés à la tête du pays. Faure Gnassingbé qui a succédé à son père totalise à ce jour 18 ans de règne. La question de l’alternance est la principale source de crispation entre les acteurs politiques. Pourtant, la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR) a recommandé des discussions sur ce sujet sensible pour la classe politique togolaise. Pour cette commission, l’alternance à la tête du pays est une condition nécessaire à la consolidation de l’Etat de droit au Togo.

Cette année encore, des élections régionales et législatives sont attendues dans le pays.  Pouvoir et opposition se chiffonnent autour du découpage électoral. La répartition des sièges de députés par préfecture est contestée par l’opposition qui exige que ce contentieux soit reglé avant le scrutin.

Boniface T.