Le Rwanda va accueillir des réfugiés africains bloqués en Libye

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Des migrants d'Afrique subsaharienne dans un centre de détention de Tripoli en Libye le 21 février 2017.

Le Rwanda a signé mardi un accord avec l’Union africaine (UA) et le Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) en vue d’accueillir temporairement des réfugiés et demandeurs d’asile africains bloqués en Libye, un accord que l’UA espère répliquer avec d’autres nations du continent.

« Nous recevrons un nombre initial de 500 (personnes) dans quelques semaines », a déclaré Hope Tumukunde Gasatura, représentante permanente du Rwanda à l’UA, lors d’une conférence de presse à Addis Abeba, aux côtés de représentants de l’organisation panafricaine et du HCR. Ce premier groupe est « composé principalement de personnes originaires de la Corne de l’Afrique », ont précisé l’UA et l’ONU dans un communiqué. Elles seront accueillies dans un centre de transit au Rwanda avant d’être relocalisées dans d’autres pays ou, si elles le veulent, retourner dans leur propre pays. Germaine Kamayirese, la ministre rwandaise chargée des mesures d’Urgence, a déclaré à la presse à Kigali que certains réfugiés « pourraient recevoir l’autorisation de rester au Rwanda ».

En raison du chaos qui a suivi la chute de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue un point de passage important pour les migrants originaires d’Afrique subsaharienne cherchant à rejoindre l’Europe. L’ONU estime que 42.000 réfugiés africains se trouvent actuellement en Libye, a affirmé Cosmas Chanda, représentant du HCR auprès de l’UA. « Nous avons désespérément cherché des solutions pour ces gens (…), de moins en moins de pays à travers le monde sont prêts à accueillir des réfugiés », a-t-il dit.

– Centre de détention –

Le président rwandais, Paul Kagame, avait proposé dès novembre 2017 d’accueillir des Africains bloqués en Libye, dans la foulée d’un reportage de CNN montrant ce qui ressemblait à un marché d’esclaves. La question a une nouvelle fois pris de l’importance dernièrement après la mort en juillet de 40 personnes, tuées par une frappe aérienne sur un centre de détention de migrants à Tajoura, dans la banlieue-est de Tripoli. Le gouvernement rwandais se dit prêt à accueillir dans son centre de transit jusqu’à 30.000 Africains bloqués en Libye, mais uniquement par groupes de 500, afin d’éviter que le pays ne soit débordé. « C’est un moment historique, parce que des Africains tendent la main à d’autres Africains », s’est réjouie Amira Elfadil, commissaire de l’UA aux Affaires sociales. « Je suis convaincue que cela fait partie des solutions durables ». L’UA espère que d’autres pays africains accepteront de fournir une aide similaire.

Depuis 2017, le HCR a « évacué » plus de 4.400 réfugiés et demandeurs d’asile depuis la Libye, dont 2.900 via un centre de transit au Niger et 425 via un centre de transit en Roumanie. Mais l’agence onusienne a été critiquée pour sa gestion des mécanismes de transit. Le centre de transit au Niger a rapidement été surpeuplé, tandis que les demandes d’asile ont été traitées avec lenteur. Le Rwanda et le HCR ont « appris de l’expérience au Niger, et nous avons amélioré la procédure », a soutenu M. Chanda, reconnaissant toutefois que « le processus sera très long ». Selon Hope Tumukunde Gasatura, les réfugiés et demandeurs d’asile seront accueillis dans des installations qui ont déjà été utilisées par des réfugiés burundais fuyant la crise dont leur pays est le théâtre depuis 2015.