Selon plusieurs sources, cette ex-employée de Sofitel aurait tiré un bon parti de cette affaire qui a détruit la carrière politique de l’ex patron du FMI.
Pendant ces dernières années, Nafissatou Diallo été la plus discrète possible. Depuis le 10 décembre 2012, date à laquelle elle s’était rendue chez le procureur avec son avocat, pour conclure l’affaire DSK, la jeune femme s’est éclipsée de l’aire médiatique. Alors qu’elle commençait à s’effacer des mémoires, Nafissatou Diallo donne à nouveau de ses nouvelles.
L’affaire DSK a été l’une des affaires les plus médiatisées du fait du grand enjeu politique et économique qu’elle représentait. Après de multiples rebondissements médiatiques et plusieurs audiences, le dossier a pu être clos grâce à un accord conclu entre les deux parties. Cet accord secret consistait à verser une somme à la plaignante l’amenant à abandonner ses charges.Une audience s'est déroulée au tribunal du Bronx à New York, en présence de Nafissatou Diallo, ses avocats, et ceux de DSK à cet effet. Les contours de cet accord demeurent jusqu’alors inconnus du public mais selon les rumeurs, Dominique Strauss-Kahn aurait versé 1,5 million de dollars à Nafissatou Diallo et ses avocats.
La jeune femme désormais aux commandes des affaires
Même si les rumeurs autour du montant ne sont pas certifiées, les faits sont concrets. Trois ans après avoir quitté New York, après le dénouement de l'affaire, la mère de famille guinéenne est revenue dans l'arrondissement new-yorkais du Bronx qu'elle avait dû quitter, après avoir accusé l'ancien patron du FMI d'agression sexuelle, pour ouvrir un restaurant. L’ex-plaignante passe désormais ses journées dans son restaurant, «Chez Amina», ouvert depuis le mois de mai 2014. L’aspect «classe» de cet établissement « africain, américain et espagnol» alimente depuis peu la polémique.
«Le restaurant est plutôt coquet, avec des banquettes de skaï rouge et plusieurs télévisions à écrans plats accrochées au mur. Le service est impeccable. Un circuit de surveillance vidéo assure sa sécurité», témoigne un reporter de Paris Match qui s’est rendu sur les lieux. Pour plusieurs personnes, c’est l’argent reçu à l’issue de cet accord qui aurait permis à la jeune mère de famille d’ouvrir cet établissement qui fonctionne sept jours sur sept. Difficile d’obtenir la version originale, car pour Nafissatou Diallo, pas question de répondre à un journaliste. Les quelques uns qui ont insisté se sont heurtés à un refus catégorique de la gérante de «Chez Amina».
« Elle refuse calmement de répondre à toute question, se réfugiant, dans un coin derrière le comptoir», témoigne un journaliste de RTL.
Un silence sans doute relatif aux termes de l’accord qui a mis fin à ce dossier juridique. Le juge Douglas McKeon en charge du dossier s’est confié aux journalistes de Paris Match. «Je ne suis pas forcément favorable aux accords secrets. Dominique Strauss-Kahn ne souhaite pas qu'il soit rendu public, mais c'est surtout Nafissatou Diallo qui insistait sur la confidentialité. J'ai accepté. Ses craintes m'ont paru légitimes. Il y a beaucoup d'argent en jeu, et je comprends qu'elle n'ait pas envie que certaines personnes le sachent», avait-il affirmé après l'officialisation de l'accord.
Pour la jeune femme âgée aujourd’hui de 35 ans, l'avenir devrait donc être plus confortable que son passé de femme de chambre modeste, avec cette coquette somme, d'autant qu'elle a aussi touché les indemnités versées par le New York Post, qui l'avait à l’époque traitée de «prostituée».
La somme récupérée par la jeune dame lui aurait également permis de quitter son quartier du Bronx, à New York, pour gagner le quartier de Westchester , une zone résidentielle. Selon le « Journal du dimanche », la jeune femme vivrait actuellement dans un luxueux bâtiment dans lequel un simple studio se louerait à environ 3.000 euros par mois.
Malgré cet envol financier, son ancien avocat, Douglas Wigdor voit les choses autrement. «Nafissatou a peut-être plus d'argent qu'elle n'en a jamais eu, mais je sais de façon certaine qu'elle aurait préféré rester femme de chambre dans cet hôtel et que rien de tout ça ne soit arrivé, car elle était heureuse», a-t-il affirmé au micro de RTL.
En décembre 2012, le groupe Accor avait confirmé que la jeune femme était toujours employée du Sofitel, bien qu'en étant en arrêt-maladie depuis l'affaire DSK.
Retour sur les faits
L’affaire du Sofitel de New York ou l’affaire DSK est une affaire judiciaire consécutive aux accusations d'agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration, portées par Nafissatou Diallo contre DSK. Elle affirme qu'il a commis ces actes le 14 mai 2011, dans la suite 2806 de l'hôtel Sofitel, où elle était employée comme femme de chambre depuis 2008.
Compte tenu de la gravité des actes invoqués, la juridiction de l'Etat de New York procède à la mise en détention provisoire de Dominique Strauss-Kahn et engage une procédure pénale.
Son arrestation connaît un retentissement international, entraîne sa démission du poste de directeur général du FMI et l'empêche de se présenter à l'élection primaire, organisée par le Parti socialiste et le Parti radical de Gauche, afin de désigner leur candidat commun à l'élection présidentielle française de 2012, alors qu'il était pressenti comme favori à ces deux élections.
Le 6 juin 2011, il est libéré sur parole lors de l'audience, le procureur ayant mis en doute la crédibilité de la plaignante. Les charges pesant sur Dominique Strauss-Kahn sont officiellement abandonnées le 23 août 2011. Le 10 décembre 2012, une transaction intervient entre les deux parties et clôt définitivement l'affaire.
Malgré ses inconstances déclarations qui ont poussé les juges a abandonné cette affaire, Nafissatou Diallo peut s’estimer heureuse pour être sortie gagnante de ce procès qui a longtemps affecté cet économiste brillant et courtisé qui a vu ses ambitions réduites à néant par des scandales sexuels.
Depuis le 2 février 2015, l’économiste DSK comparaît à Lille dans une affaire de proxénétisme. Il est cette fois accusé d'avoir été au cœur d'un réseau de prostitution dans l'affaire du Carlton.
Larissa AGBENOU