France/Algérie : Une visite présidentielle hautement symbolique

Afriquinfos Editeur
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Ce déplacement hautement symbolique a lieu en 2012, année du cinquantenaire de l'indépendance algérienne qui avait mis fin en 1962 à plus d'un siècle de présence française.

Le chef d'Etat français doit notamment rendre hommage à une figure historique méconnue : Maurice Audin, un militant communiste favorable au combat des moudjahidines (nom donné en Algérie aux combattants pour l'indépendance), qui a été exécuté en 1957 en raison de ses convictions. Il doit aller, au cours de son voyage, se recueillir sur la place algéroise Maurice-Audin.

Par ailleurs, M. Hollande s'apprête à donner deux allocutions : la première devant les deux chambres réunies du Parlement algérien et, ensuite, la deuxième à l'université Aboubakr-Belkaïd de Tlemcen.

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Ces discours seront écoutés avec beaucoup d'attention de part et d'autre de la Méditerranée, tant la mémoire du passé commun de la France et de l'Algérie pèse sur la politique actuelle des deux pays.

Accompagné d'une délégation importante, composée de plusieurs ministres, élus, entrepreneurs et personnalités médiatiques, le président français prône une approche "lucide" de cette question de la mémoire historique, tout en rejetant l'idée d'une repentance, telle que réclamée par certains représentants algériens.

"Il ne s'agit pas d'être dans la repentance mais dans la vérité ", a estimé un proche conseiller du chef d'Etat français, cité par le journal français Le Figaro daté du lundi 17 décembre.

Même son de cloches du côté du député des Français du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest, Pouria Amirshahi, qui participera au voyage. "Il faut dépassionner le conflit de mémoire", a-t-il affirmé, cité lui aussi par Le Figaro appelant son président, M. Hollande, à "ne pas répondre aux questions de repentance".

Soucieux de rassembler les Français sur cette délicate question algérienne, le président socialiste français, élu depuis mai dernier, avait nommé cet été un homme de droite, Jean-Pierre Raffarin, en tant qu'envoyé spécial pour les relations économiques franco-algériennes.

M. Raffarin, qui s'est rendu en Algérie fin novembre en sa qualité de représentant du président Hollande afin de se pencher sur l'état de la coopération économique et industrielle entre les deux pays, a souligné mardi sur la radio française Europe 1 l' importance de renouer avec l'Algérie et de construire avec ce pays voisin "une stratégie d'avenir".

"Il faut reconstruire avec ce peuple frère, avec lequel nous avons collectionné les incompréhensions, une stratégie d'avenir", a-t-il affirmé, rappelant le respect dû aux Algériens.

"Bien sûr qu'il faut avoir une lucidité historique mais il faut regarder l'avenir", a-t-il également indiqué, soulignant que la France avait besoin à son sud "d'un pays développé".

Fin novembre, l'envoyé spécial de M. Hollande s'est penché sur plusieurs dossiers de la coopération franco-algérienne, notamment des projets impliquant des grands groupes hexagonaux comme Sanofi, Alstom, Lafarge ou encore Total. Il a également évoqué l' implantation prochaine de Renault sur le territoire algérien.

Au terme de plus de deux ans de négociations, le constructeur automobile français Renault devrait signer mercredi un accord définitif portant sur la construction d'une usine en Algérie, qui devrait être détenue à 51% par l'Etat algérien, les 49% restants échouant à la célèbre marque au losange.

Cette unité de production sera probablement située dans la région d'Oran (nord-ouest) et doit être en mesure, dès 2014, d' assembler au minimum 25.000 véhicules de type Renault Symbol ( voiture dérivée de la Logan) par an, destinés en priorité au marché intérieur.

Le grand groupe automobile français, qui a écoulé cette année en Algérie plus de 111.000 voitures, doublant ses ventes par rapport à 2011, devrait, grâce à cette implantation, profiter davantage de ce marché en plein essor.

Dans un entretien accordé au quotidien francophone algérien El Watan, en mai dernier, quelques jours avant son élection, M. Hollande avait affirmé que, lors de son premier séjour dans le pays en tant que junior diplomate, en 1978, il avait découvert " une Algérie fière de son indépendance, mais qui, déjà, attendait beaucoup de la France".

"Je mesurais le potentiel de l'économie algérienne, trop bridé par les rigidités bureaucratiques. Mais, je garde surtout l'image d'Alger pleine d'une jeunesse qui a fait l'Algérie d'aujourd'hui", avait-il également déclaré, ne cachant pas son intérêt et son admiration pour ce pays.