Une femme marocaine sur trois subit en silence son quotidien de violence

Afriquinfos Editeur
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Cela signifie qu' une femme marocaine sur trois subit en silence son quotidien de violence. La déclaration de la responsable marocaine se base sur une récente enquête réalisée par le Haut-Commissariat au Plan du Maroc (HCP), institution marocaine de prospective, d' analyse et de prévision économique, en charge du système national de production statistique, qui conclut que 62,8% des femmes (soit 6 millions sur une population de 9,5 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans), ont été victimes d' un acte de violence sous une forme ou une autre. Cette enquête, réalisée avec l' appui financier du Fonds du Développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM), constitue la première du genre au Maroc.

D' après une autre enquête récente de la Ligue démocratique pour les droits de la femme, 22 % des femmes marocaines sont mariées dans le cadre de mariages arrangés par la famille, dont 8 % contre leur gré. L’enquête a porté sur un échantillon de 1510 femmes issues des milieux rural et urbain.

Pour Mme Hakkaoui, il est temps de se pencher sur la lutte contre la violence à l' égard des femmes en, procédant à l' application de politiques nationales claires pour éliminer les différentes formes de discrimination contre les femmes et promouvoir ainsi leurs rôles dans la société marocaine.

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Aujourd' hui, le Maroc, signataire de la convention internationale pour l' élimination de toutes les formes de violence à l' égard des femmes, déclenche tout un processus de réformes en vue de combattre la violence sous toutes ses formes, partant de la violence psychologique en raison du non-paiement de la pension alimentaire, passant par la violence physique, allant jusqu' à la violence morale et sexuelle.

L’heure est à la mobilisation pour une formulation d' un cadre juridique protégeant la femme de la violence. Un projet de loi définissant les différentes formes de violences conjugales a été déposé en 2010 devant le Parlement marocain, mais il n'a toujours pas été adopté par les députés.

En attendant, bon nombre de femmes subissent en silence leur quotidien de violence. Cette réalité reflète une quantité considérable d' actes de violence non déclarés, cachés, tus, gardés sous silence, en raison de la honte, par crainte de représailles, ou au nom de la solidarité familiale ou de la non-ingérence dans la vie privée des familles.

Les violences à l' égard des femmes revêtent plusieurs formes, physiques, psychologiques et sexuelles, explicites et implicites, occasionnelles et répétées: coups et blessures, violences verbales, cris, hurlements et menaces de mort, isolement, non subvention aux besoins de la famille, viol conjugal, abandon, empêchement de travailler, avortement forcé, travail forcé, séquestration, humiliation, dépossession des biens.

Dans ce cadre, Mme Fouzia Assouli, présidente de la Fédération de la Ligue démocratique des droits de la femme (FLDDF), a souligné que le gouvernement et le parlement doivent prendre toutes les mesures administratives et judiciaires pour mettre fin à l'impunité. Elle a également jugé urgent de promulguer une loi incriminant la violence à l'égard des femmes en général, estimant nécessaire de procéder à une révision du code pénal et à la promulgation d'une loi-cadre pour lutter contre toutes les formes de violence à l'égard des femmes.