Face aux soutiens et aux désapprobations du CNRDRE, la situation n’est pas  »rassurante » (papier général)

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Vendredi dans l'après-midi, certaines rumeurs circulaient dans la ville de Bamako. Selon ces rumeurs, les militaires commandos parachutistes fidèles au président Amadou Toumani Touré se sont apprêtés pour riposter contre les militaires du CNRDRE afin d' occuper la télévision nationale (Ortm). D'après les mêmes rumeurs, ceux-ci auraient même tué le président du CNRDRE, le capitaine Amadou Sanogo. Ce qui a créé une véritable psychose au sein de la population.

Face à cette situation de panique générale, le capitaine Sanogo a dû démentir d'abord lesdites rumeurs en faisant une déclaration à la télévision nationale. Il a par la suite mis un accent particulier sur la sensibilisation de la population.

Dans son appel à la population, il a rassuré les uns et les autres sur la situation sociopolitique et économique du Mali en disant que tout sera mis en oeuvre pour l'atteinte de l'idéal à savoir ''le redressement de la démocratie et l'instauration de l' Etat''.

S'agissant de la possibilité d'une réelle riposte des militaires toujours fidèles à Amadou Toumani Touré, un jeune officier subalterne a fait une analyse.

« Militairement parlant, les conséquences d'une riposte seront dangereuses sur la population. Lorsque les commandos parachutistes fidèles à ATT basés au camp Para, vont décider d'attaquer les hommes de Kati, ils doivent passer par plusieurs obstacles. Ce qui ne va pas sans causer d'énormes dégâts aux civils », a-t-il soutenu.

Le même jeune officier a indiqué: « ces commandos parachutistes fidèles à ATT, n'auront pas gain de cause dans la mesure où les éléments du CNRDRE sont plus forts que les militaires fidèles à Amadou Toumani Touré, en termes d'arsenal militaire. Ils ont les BRDM, Ceux du CNRDRE en ont aussi. Par contre, les hommes de Kati ont les chars de combat, ce qui n'est pas le cas chez les partisans d'ATT (Amadou Toumani Touré, Ndlr)».

A la lumière de l'analyse de ce jeune officier, on peut retenir que le CNRDRE est ''rassuré'' sur le plan militaire.

Les tentatives d'entrer en contact avec les militaires dits '' Pro ATT'', sont restés vaines. Par ailleurs, il y a une autre riposte de nature politique. En effet, une dizaine de partis politiques ont exprimé leurs désapprobations face au coup d'Etat militaire survenu dans la nuit du mercredi 21 mars au jeudi.

Parmi ces partis, il y a le Rassemblement pour le Mali (RPM) présidé par El Hadj Ibrahim Boubacar Kéita, l'Union pour la république (Urd) de Soumaïla Cissé et le parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes) dont le président Ahmed Diané Séméga (ancien ministre de l'équipement et des transports du président Amadou Toumani Touré) est arrêté.

Le vendredi 23 mars, le président de l'Urd a fait une déclaration dont une copie a été remise à un correspondant de Xinhua.

« Je condamne de la façon la plus ferme et la plus énergique ce coup d'Etat qui remet en cause l'ensemble de nos acquis démocratiques et isole totalement le Mali de la marche du monde, à un moment où notre pays a, particulièrement, besoin de l'appui de ses partenaires pour faire face aux défis du développement et au péril sécuritaire du Nord », a dit le président de l'Urd, Soumaïla Cissé.

« Je demande la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées et exige un retour à l'ordre constitutionnel dans les meilleurs délais » a-t-il ajouté. Le président de l'Urd a précisé que « cette tentative de coup d'Etat est l'acte réactionnaire le plus bas de l'histoire politique du Mali au cours de 20 dernières années. La pratique du coup d'Etat, en elle-même, est totalement révolue comme mode d'accession au pouvoir ».

Toujours selon M. Cissé, « l'heure est, donc, suffisamment grave pour que tous les Maliens et Maliennes se lèvent pour exiger la restauration des institutions légales et la tenue, à date échue, d'élections libres et transparentes pouvant conduire à des alternances démocratiques ».

S'il est clair que des partis comme l'Urd et le Pdes se sont contentés de faire des déclarations de condamnations, le RPM a cependant tenu à animer une conférence de presse dans la maison de son président le vendredi 23 mars. A l'issue de cette conférence de presse, une copie de la déclaration a été remise à un correspondant de Xinhua.

Pour sa part, le président du Rpm, Ibrahim Boucabar Kéita a tenu les mêmes propos que son homologue de l'Urd. « En concertation avec les principaux acteurs civils et politiques, l' ordre constitutionnel doit être immédiatement rétabli. Le calendrier électoral doit être maintenu, et les élections se tenir à la date prévue, le 29 avril, pour rendre possible le vrai changement. Un changement que seul un pouvoir porté par les urnes et non usurpé par les armes peut porter et mettre en oeuvre », a déclaré le président du Rpm.

Il est à rappeler qu'au sein de la classe politique malienne, il y a des partis politiques qui ont fait à l'allégeance au CNRDRE dès le lendemain du coup d'Etat. Le parti Comité national d' initiative démocratique (CNID), le parti d'opposition SADI ( Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance), le parti Convention démocrate sociale (CDS), entre autres ont en effet exprimé leur soutien au CNRDRE. Lesdits partis ont également annoncé qu'ils vont travailler avec les nouveaux tenant du pouvoir au Mali.

Les mêmes soutiens du genre viennent également de certains acteurs de la société civile à l'image de l'Alliance des jeunes pour la démocratie et la justice (AJDJ), du syndicat libre de la magistrature (Sylima), des syndicats des consommateurs, des commerçants, entre autres.

Par ailleurs, de l'avis d'un observateur averti de la scène politique malienne, l'accalmie relative qui prévaut à Bamako n'est pas rassurante. Selon le même observateur, « après un coup d'Etat, si le président de la république n'est pas arrêté et qu'il reste introuvable dans le pays, cela n'est rassurant ». Il a conclu en ces termes : « La situation dans laquelle nous vivons au Mali prouve que tout est possible surtout qu'il existe encore des militaires dotés d'armes, qui sont favorables au président Amadou Toumani Touré ».