Face aux menaces de mort proférées contre Denis Mukwege, l’ONU demande une enquête

Afriquinfos Editeur
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Genève (© 2020 Afriquinfos)-Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a exprimé vendredi sa « profonde inquiétude » face aux « menaces de mort » visant le Prix Nobel de la paix 2018, le gynécologue congolais Denis Mukwege, et a demandé aux autorités de la République démocratique du Congo (RDC) de mener une « action rapide » contre les responsables.

Le Dr Mukwege a déclaré avoir reçu des menaces de mort après avoir commenté le meurtre de 18 personnes dans la province du Sud-Kivu le mois dernier.

« La récente montée alarmante des menaces contre le Dr Mukwege, qui ont été transmises par les médias sociaux et dans des appels téléphoniques à lui et à sa famille, fait suite à sa condamnation de la poursuite des meurtres de civils dans l’est de la RDC et à ses appels renouvelés pour que les responsables des violations des droits de l’homme et abus soient tenus de rendre des comptes. », indique le Haut-commissariat de l’ONU dans un communiqué.

Le Dr Mukwege est « un véritable héros – déterminé, courageux et extrêmement efficace », a déclaré Bachelet estimant que la vie de Mukwege « semble être sérieusement menacée ».

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Il est « essentiel que les responsables soient traduits en justice et que la vérité soit connue, à la fois pour protéger la vie du Dr Mukwege, mais aussi pour dissuader ceux qui attaquent, menacent ou intimident le personnel médical et les défenseurs des droits de l’homme qui, comme lui, travaillent pour le bien-être du peuple congolais, souvent dans des circonstances exceptionnellement difficiles », a-t-elle ajouté.

Mukwege est l’un des fervents défenseurs du « Rapport Mapping » publié en 2010 par le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme qui documente plus de 600 graves crimes qui se sont produits dans l’est de la RDC entre 1993 et 2003.

Le président Felix Tshisekedi s’est engagé

La semaine dernière, le président Felix Tshisekedi s’est engagé à ce que le gouvernement enquête sur les menaces et assure la sécurité du Dr Mukwege.

Le Dr Mukwege est gynécologue et dirige une clinique dans la province du Sud-Kivu. Il a partagé le prix Nobel de la paix en 2018 pour son travail sur les violences sexuelles en temps de guerre.

Ces crimes sont attribués notamment aux groupes armés dont certains leaders font partie de la classe politique ou dirigeante. Mukwege a reçu des menaces de mort dans le passé et survécu à une grave tentative d’assassinat en octobre 2012.

Gynécologue célèbre, Mukwege dirige un hôpital et une fondation qui prend en charge les femmes victimes de viol.

Mercredi dernier, 21 soldats et policiers ont été jugés pour viols dans la province du Sud-Kivu où vit Mukwege.

Le verdict de ce procès sera rendu, début septembre. Les victimes étaient soutenues par la Fondation « Panzi » de Denis Mukwege.

Dans la même province, trois miliciens du groupe armé Raïa Mutomboki ont été condamnés, le 22 août dernier par le tribunal militaire respectivement à 10, 15 et 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité par meurtre, viol, esclavage sexuel, tortures et autres actes inhumains commis en 2016 et 2017 dans plusieurs villages du territoire de Kalehe et au Parc National Kahuzi Biega.

V.A.