Au nom du terrorisme, le Kenya bafoue les droits de présumés terroristes

Afriquinfos
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Selon HRW, les forces de l’ordre kenyanes se refugient derrière la lutte contre le terrorisme pour se livrer à des exécutions et des enlèvements, en violation flagrante des procédures judiciaires. L’organisation de défense des droits de l’Homme a eu à étudier des cas dont 34 liés à des «disparitions forcées» et 11 portant sur des «exécutions extrajudiciaires» dans les comtés de Garissa, Wajir et Mandera (à forte population d’ethnie somali ; les victimes sont essentiellement des hommes âgés de 20 à 40 ans) où des opérations antiterroristes ont été menées ces deux (02) dernières années.

«Les gens dans le nord-est du Kenya méritent d’être protégés contre les attaques des Shebab, pas de subir de mauvais traitements de la part des autorités», indique Ken Roth, Directeur exécutif d’Human Rights Watch. A l’en croire, ces cas d’exécution ne sont que la face visible de l’iceberg. Il dénonce «une pratique de mauvais traitements commis par plusieurs organismes, avec une structure opérationnelle sophistiquée qui remonte jusqu’aux plus hauts sommets du Gouvernement».

Accusations à charge

Dans le rapport,  HRW indexe le Centre national de contre-terrorisme (NCTC) qui  coordonne les opérations antiterroristes du Kenya. Aussi, l’organisation souligne-t-elle des cas d’intimidations et de disparitions perpétrées par la police antiterroriste kényane (ATPU). Human Rights Watch pointe également l’Union européenne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis de soutenir forces de sécurité kényanes.

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Ken Roth déplore ainsi que les mises en garde des universitaires et des défenseurs des droits de l’Homme ne soient pas prises en compte par les autorités. Ces défenseurs des droits humains redoutent une radicalisation des populations, par le fait de cette répression de Nairobi. «Rafler les gens et ensuite refuser de dire ce qu’ils sont devenus est un crime grave et ne fait qu’accroître la peur et la défiance à l’encontre des forces de sécurité», avertit le sieur Roth.

Cette dérive «islamophobe» doublée de chasse aux sorcières est imputable aux attaques subies par le Kenya. En 2013,  Westgate (un Centre commercial immense à Nairobi, la capitale) a été pris d’assaut par les islamistes Shebab. L’attaque a fait 67 morts. L’année dernière (2015), l’Université de Garissa a été la cible d’un attentat terroriste. 148 personnes (en majorité des étudiants) y ont trouvé la mort.

Le massacre a été revendiqué par les même Shebab qui, il y a de cela deux (02) ans, c’est-à-dire en 2014 ont commis des meurtres sur la côte kenyane.

 Anani   GALLEY