Algérie : Le nouveau front d’opposition dépourvu de soutien pour marquer un changement

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Le Front politique pour la protection de la démocratie, nommé ainsi au bout d'une réunion desdits partis lundi, est composé de forces mineures sur l'arène politique de l'Algérie. Parmi ces 14 formations, sept n'ont gagné aucun siège dans la course de députation, et les sept autres ont remporté, en tout, 28 sièges sur un total de 462 que compte le nouveau parlement.

 

UN BOYCOTT SANS GROUPES D'OPPOSITION MAJEURS

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Le front d'opposition a échoué à attirer d'autres groupes importants de l'opposition, dont le Parti des Travailleurs (PT), le Front des forces socialistes (FFS), et l'Alliance islamiste de l'Algérie verte (AAV).

Lakhdar Benkhelaf, vice-président du Front islamiste pour la justice et le développement (FJD), qui est parmi les initiateurs de ce front d'opposition, a déclaré à Xinhua : "Nous avons invité les trois partis à rejoindre cette initiative, mais ils ne sont pas venus". "Les portes sont toujours ouvertes pour eux dans le cas où il décideraient de se joindre à nous", a-t-il ajouté.

Evoquant la non participation de son parti, Djelloul Djoudi, porte-parole du PT, a dit à Xinhua: "Notre parti a une autre manière de faire de la politique. Nous avons appelé le président Bouteflika à entamer de larges réformes politiques avant le déclenchement de ce qu' on appelle le Printemps arabe".

"Nous ne croyons pas que le boycott du nouveau parlement puisse servir notre combat politique. Nous sommes déterminés à continuer notre combat politique jusqu'à ce que la démocratie soit établie dans notre pays", a-t-il affirmé.

De son côté, le porte-parole du FFS, Chafaa Bouiche, a déclaré à Xinhua: "Nous respectons l'initiative de ces partis même si nous avons décidé de ne pas y prendre part, car nous ne percevons pas les choses de la même manière. Nous avons décidé de participer aux élections pour porter nos députés au Parlement afin de défendre l'Algérie".

Interrogé par notre journaliste à Alger, le politologue algérien Bachir Medjahed a considéré la décision du front d'opposition comme étant "un coup d'épée dans l'eau", jugeant que cette démarche n'aura aucun impact sur le futur parlement.

Pour lui, de tels "agissements" ne sont qu'un prélude pour "se positionner en vue des élections locales prévues le mois de novembre prochain en se mettant dans le camp de l'opposition".

 

BOYCOTTER SANS SE RETIRER DU PARLEMENT

Malgré que les partis du front d'opposition se soient engagés à boycotter le nouveau parlement, il semble qu'ils n'entendent pas retirer leurs membres de cette institution.

Après la réunion du front tenue lundi, Abdallah Djaballah, chef de la FJD, a déclaré à la presse que "le retrait des députés n'aura aucun impact politique sur le terrain, puisque de toute manière, l'administration va les remplacer".

Pour sa part, le responsable du FJD, Lakhdar Benkhelaf, a dit avoir la conviction que les sièges que sa formation a gagnés lors des élections législatives lui reviennent vraiment, et ce dans des élections qui ont été marquées par la fraude (…) "Nous n' avons eu qu'un petit nombre de sièges, nous avons pensé utile de boycotter uniquement les activités du parlement", a-t-il ajouté.

En ce qui concerne la question de savoir si son parti va participer ou non à l'élaboration d'une nouvelle Constitution, qui constitue l'une des principales activités du nouveau parlement, M. Benkhelaf a répondu: "Cette question fait encore l'objet d'un débat au sein du Front et une décision finale sera formulée dans les prochains jours".

 

LE PRESIDENT MONTRE DU DOIGT

Le président Abdelaziz Bouteflika est l'objet de critiques de la part des partis du front d'opposition.

"Nous avons amputé la responsabilité de la fraude au président Bouteflika étant donné qu' il est le premier magistrat du pays. Il a promis des élections libres et équitables, mais ce n'était finalement pas le cas", a relevé M. Benkhelaf, affirmant avoir saisi le président sur plusieurs cas de fraude durant le processus électoral, sans qu'il n'y ait une réponse.

"Nous attendons que le président Bouteflika engage des mesures sur le terrain, en ramenant le processus démocratique sur le droit chemin", a-t-il poursuivi.

Le 15 mai, le Conseil constitutionnel de l'Algérie a proclamé les résultats officiels des élections législatives, qui ont vu le Front de libération nationale (FLN) et son allié au sein du gouvernement, le Rassemblement national démocratique(RND), rafler la majorité de 291 sièges dans le parlement.

Au lendemain de cette validation, un vent de contestation des résultats s'est soulevé parmi un nombre de formations politiques, dont des partis islamistes en particulier, qui dénoncent l'administration d'avoir manipulé les élections en faveur du FLN et du RND. Mais les élections ont été décrites comme "transparentes" par quelque 500 observateurs internationaux ayant assisté à la supervision du scrutin.