Algérie : À un mois du scrutin, la scène politique en effervescence

Afriquinfos Editeur
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Au total, 41 partis politiques, dont 21 récemment autorisés, ne veulent pas rater la moindre occasion pour conquérir les sièges de l'Assemblée populaire nationale (APN), un scrutin qui revêt un caractère particulier pour la stabilité du régime. Celui-ci cherche à montrer que le changement peut s'opérer par la voie des urnes, de façon calme et démocratique, en dépit de l'ébullition de la région.

Les formations à tendance islamiste du pays, données favories par les uns et craintes par les autres, veulent rééditer l"exploit" de leurs confrères des pays voisins.

Le 7 mars, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le parti El Islah et le parti Ennahda, trois formations islamistes algériennes, ont officiellement annoncé la formation de l'"Alliance de l'Algérie Verte" en vue des élections législatives, en avançant un programme unique et des listes communes.

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S'inspirant des modèles des pays voisins, l'alliance islamiste croit plus que jamais en ses chances lors de l'échéance du 10 mai, assurant que "ce courant est capable de gouverner et de diriger le pays".

Selon un récent sondage réalisé par le journal local Echorouk, les partis islamistes pourraient glaner plus de 60% des voix aux élections législatives.

Face à l'avancée des partis islamistes, un séisme a éclaté au sein du parti du Front de libération nationale (FLN, au pouvoir), dont le secrétaire général Abdelaziz Belkhadem est visé par un mouvement de redressement suite à la confection des listes des candidats de la formation. Lundi, des membres protestataires du Comité central du parti se sont réunis, avec comme objectif le retrait de confiance au chef du parti et à son bureau politique.

Le vent de dissidence n'a pas soufflé sur le seul parti du FLN. Le Rassemblement national démocratique (RND) de l'actuel Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui forme une alliance avec le FLN dans le parlement, compte également des mécontentements suite aux différends sur les listes électorales du parti, qui ont conduit à la démission des secrétaires des bureaux de wilaya (département).

Idem pour le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune. Des militants de cette formation "trotskiste", en désaccord avec la secrétaire générale du parti sur le choix des syndicalistes de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA, seul syndicat reconnu par les pouvoirs publics) en tête des listes électorales, ont mené leur fronde.

L'une des particularités pour le prochain scrutin est la création de nombreux partis en Algérie. Après des années de verrouillage sur la création de nouveaux partis en Algérie, le ministère de l'Intérieur a permis, en l'espace de quelques semaines à peine, la création d'une vingtaine de partis.

Ces formations nouvellement créées sont constituées soit de dissidents d'autres partis, comme c'est le cas avec le Front du Changement (FC) de Abdelmadjid Menasra, qui a claqué la porte du MSP, soit des partis en attente d'agréments depuis des années, à l'image du Mouvement Populaire Algérien (MPA) de Amara Benyounès et du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) de Mohamed Saïd.

A la veille de l'élection, une controverse sur des aspects techniques du vote a déclenché entre les partis politiques et le ministère de l'Intérieur.

La Commission nationale de surveillance des élections législatives(CNSEL), composée de représentants d'une quarantaine de partis politiques, a recommandé l'utilisation d'un bulletin de vote unique qui combine toutes les listes de candidats, plutôt que d'un document distinct pour chaque liste de candidats, de manière à assurer "une plus grande transparence". Mais ce mode de scrutin est rejeté par le ministère de l'Intérieur, "pour des raisons de fond et de forme".

Chaque fois que des "irrégularités" sont signalées, le spectre du retrait de la course électorale resurgit.

Le premier à avoir prononcé un "retrait" est le Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d'opposition de l'Algérie. Le représentant du parti Ikhlef Bouaïche a affirmé le 4 avril que l'hypothèse d'un "retrait du parti des élections législatives n'est pas écartée".

Deux jours plus tard, c'est au tour de Saad Abdallah Djaballah, président du Front pour la liberté et la justice (FLJ, parti islamiste), de brandir la menace de se retirer. Se disant "victime du système", cet influent opposant a déclaré qu"'en disant 'oui' pour le scrutin du 10 mai, le FLJ n'a pas donné un chèque en blanc au pouvoir".

Malgré une effervescence constatée chez les partis politiques, les citoyens ne semblent pourtant guère intéressés par le scrutin. Malgré qu'aucun sondage fiable n'a été effectué au sujet du taux de participation des Algériens au prochain scrutin, une indifférence règne parmi les populations qui restent plutôt préoccupées par la cherté de la vie.