Le dernier scandale, dit Sonatrach II, consiste en des affaires liées à des versements de pots-de-vin à des tierces personnes par des entreprises occidentales, dont l'Italienne Saipem et la Canadienne SNC Lavalin, dans le but d'obtenir des marchés avec Sonatrach, le groupe national des hydrocarbures.
On l'appelle Sonatrach II parcequ'il est précédé par un scandale appelé Sonatrach I, où l'ancien PDG du groupe, Mohamed Meziane, deux de ses fils et un certain nombre de dirigeants de la compagnie sont impliqués pour des faits similaires qui remontent à 2010.
En 2011, le tribunal a condamné Mohamed Meziane à un an de prison ferme, un an avec sursis, de même qu'une amende de 500 000 dinars (6400 dollars), pour dilapidation de biens publics et non respect du code des marchés publics dans la passation d'un contrat de gré à gré avec la société algéro-française Safir.
Le scandale ne s'arrête pourtant pas là et continue à prendre de l'ampleur pour devenir Sonatrach II. Cette fois-ci, c'est le ministre de l'Energie et des Mines de l'époque, Chakib Khelil, qui est montré du doigt.
Le 12 août, la justice algérienne a annoncé avoir émis des mandats d'arrêt internationaux contre neuf des 22 suspects impliqués dans le scandale de corruption de Sonatrach II, y compris Chakib Khelil, son épouse et ses deux fils, ainsi que Farid Bedjaoui, neveu de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui.
Chakib Khelil, ayant occupé le portefeuille de l'Energie de 1999 à 2010 et présidé l'OPEP en 2001 et 2008, se trouve actuellement aux Etats-Unis avec sa famille après avoir quitté le gouvernement en 2010 suite au scandale ayant éclaboussé Sonatrach.
Dans de récentes interviews avec quelques journaux locaux, il a plaidé pour son innocence, tout en se déclarant prêt à comparaître devant la justice algérienne pour se défendre."Je ne suis pas coupable et je n'ai rien à me reprocher. J'ai fait ce que j'ai à faire pour protéger les intérêts de mon pays, l'Algérie", a-t-il déclaré au journal local El Khabar.
Outre Chakib Khelil, Farid Bedjaoui est considéré comme étant un élément clé dans le scandale.
Selon la presse italienne, la justice soupçonne Farid Bedjaoui d'avoir empoché plusieurs centaines de millions de dollars de pots-de-vin de la part de la société Saipem, filiale d'Eni SpA (Italie), pour faciliter l'obtention de huit contrats auprès de Sonatrach entre 2007 et 2009.
Au Canada, celui-ci est soupçonné d'avoir joué le rôle de charger de mission au profit de SNC-Lavalin pour l'obtention de plusieurs contrats en Algérie d'un montant avoisinant six milliards de dollars.
En réaction à ces scandales à répétition, les autorités algériennes ont durci leurs prises de position.
En février dernier, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a déclaré "je ne peux pas passer sous silence les scandales récemment relevés par la presse et qui touchent la gestion de Sonatrach (…) je fais confiance à la justice de notre pays pour tirer au clair l'écheveau de ces informations, pour situer les responsabilités et appliquer avec rigueur et fermeté les sanctions prévues par notre législation".
Pour sa part, le ministre de la Justice, Mohamed Charfi, a déclaré début juillet que les enquêtes sur le scandale financier du groupe Sonatrach montraient l'existence d'un réseau de corruption international. "Un véritable réseau de corruption international dont les tentacules s'étendent à tous les continents suçait la sève de Sonatrach (…) 90% de ceux qui y sont impliqués sont désormais connus", a souligné le ministre.
L'Algérie figure parmi les membres de l'OPEP et compte parmi les premiers producteurs de pétrole et de gaz dans le monde.