Agences de notation en Afrique: Aïssata Tall Sall prône un changement de paradigme  

Afriquinfos Editeur
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Dakar (© 2022 Afriquinfos)- Il n’est désormais plus rare que les conclusions émises par les agences de notation soient contestées. Ce fut le cas lorsque courant cette année, le Ghana a vu sa dette souveraine qualifiée de ‘’spéculative’’ par trois agences S&P, Moody’s et Fitch Ratings. Sont-elles toujours crédibles ou sont-elles trop sévères avec les pays africains ? Voilà les questions qu’avait suscitées cette polémique. On comprend donc la position de la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Aïssata Tall Sall qui milite pour que l’Afrique dispose d’une agence de notation propre à elle et en phase avec ses réalités.

Les conclusions des agences de notation ne sont pas sans conséquences. Quand elles décident de dégrader la note de crédit des pays africains la qualifiant de spéculative, cela rend leur accès aux marchés internationaux de capitaux plus difficile et surtout plus cher. On comprend donc la déception des autorités ghanéennes qui estimaient avoir mises en œuvre des politiques audacieuses en 2022 pour relever les défis macroéconomiques et assurer la viabilité de la dette. Accra avait alors interjeté appel contre une dégradation inexacte de la note de crédit, reprochant notamment aux agences de notation de n’avoir pas une présence suffisante au Ghana pour avoir une connaissance parfaite de la situation.

Ce constat des autorités ghanéennes rejoint celui de la cheffe de la Diplomatie sénégalaise qui lors d’un entretien avec des médis en prélude au Forum International de Dakar sur la Paix et la sécurité en Afrique, a déclaré ceci : ‘’L’Afrique doit disposer d’une agence de notation en prise directe avec la réalité africaine pour mieux mesurer d’éventuels risques liés à l’investissement. Nous devons avoir une agence qui nous note et qui note le risque de venir investir en Afrique. Quand nous voulons emprunter sur le marché international et lever des fonds pour financer nos politiques de développement, les cabinets internationaux qui nous notent n’ont aucune prise sur la réalité africaine’’ a souligné Aïssata Tall Sall. ‘’Ayons une agence de notation africaine parce que ceux-là qui sont chargés de noter évaluent le risque’’ pouvant être lié à l’investissement en Afrique a insisté la Ministre.

Cette question sera sans aucun doute à l’ordre du jour de cette 8ème édition du Forum de Dakar dont le thème n’est autre que « L’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souveraineté ». Au cours de ces deux jours d’échanges, plusieurs centaines d’experts, de chercheurs, d’opérateurs économiques, de responsables d’ONG et de représentants institutionnels confronteront leurs idées pour proposer des pistes de réflexion pour améliorer non seulement la sécurité des populations africaines, mais aussi celle de leurs voisins européens et asiatiques. Au menu des ateliers qui meubleront le forum, retrouve entre autres : ‘’Quelles solutions face à l’expansion de l’extrémisme violent : entre approches collectives et réponses nationales’’ ; ‘’Reformer le secteur de la sécurité en Afrique : quelles réponses aux défis capacitaires des armées ?’’ ; ‘’Place du secteur privé dans la construction de nouvelles souverainetés (Energétique, Alimentaire, Numérique, etc.) en Afrique’’.

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Boniface T.