Sénégal : un vote hybride entre motivations politiques et religieuses (PAPIER D’ANGLE)

Afriquinfos Editeur
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Selon le politologue Abdou Rahmane Thiam de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le choix de ce peuple de l'Afrique de l'Ouest dépend, en effet, "de la position de l'homme politique au niveau national ou de son poids économique", deux facteurs clés pour pouvoir mobiliser au-delà de son fief naturel.

Dans les régions telles que la Casamance identifiée comme un fief "indéboulonnable" depuis le régime socialiste de Léopold Sédar Sengjor et d'Abdou Diouf (actuel secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie), explique l'analyste, plus spécifiquement à Zinguichor, la plus grande ville de cette région rebelle, le vote à des relents ethniques.

"Dans cette pluralité de facteurs qui sous-tendent le vote, il y a aussi l'aspect religieux qui est important. Dans les grandes capitales religieuses, il y a ce phénomène de consignes de vote de khalifes à leurs fidèles", décrit Thiam.

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D'après lui, il n'est pas uniquement question d'appartenance à une communauté. "Quelqu'un qui a une proximité avec une communauté religieuse peut bénéficier de consignes de vote".

Le Sénégal est à son troisième président depuis son accession à l'indépendance en 1960. Senghor s'était retiré en 1981 au profit de Diouf, alors Premier ministre. Après 26 ans d'âpre combat dans l'opposition, Abdoulaye Wade est élu en 2000 par une victoire éclatante au détriment de son adversaire socialiste.

Sa cote de popularité en berne, le démocrate plie l'échine en perdant le contrôle d'un grand nombre de villes clés aux municipales et régionales de 2009 qui avaient permis au Parti socialiste sénégalais (PSS) de se refaire une santé et de redorer son blason.

Dans le département de Dakar par exemple et en même temps capitale du pays, sur 19 communes d'arrondissement, le PSS en contrôle 14, contre 3 seulement pour le Parti démocratique sénégalais et l'Alliance des forces du progrès (AFP) de l'ex-Premier ministre Moustapha Niasse.

A Pikine aussi, autre département de la région de Dakar, 12 communes sur 16 sont aux couleurs socialistes.

Un ensemble de quatre départements au total, la région de Dakar est la plus grande circonscription électorale du Sénégal, d'où les batailles rangées observées en marge de la présidentielle de ce dimanche entre le camp de Wade et ses adversaires regroupés pour la plupart au sein d'une coalition.

A elle seule, cette région phare représente près du tiers de l'électorat : plus de 1,5 millions d'électeurs inscrits sur un total de 5,1 millions, pour une population globale de plus de 12,4 millions d'habitants.

2.149 bureaux cde vote sur un total de 11.904 dans l'ensemble du pays y seront ouverts.

Avec ses 665.618 votants déclarés et appelés aux urnes dans 1.595 bureaux de vote, la région de Thiès, composée de trois départements (Mbour, Tivaouane et Thiès même y compris), arrive en seconde position.

A la suite du classement, la région de Diourbel (trois départements aussi) totalise pour sa part ses 446.930 électeurs répartis dans 1.113 bureaux de vote. Elle est suivie de Saint-Louis (trois départements) avec 378.691 votants pour 881 bureaux de vote. C'est le terroir d'origine du chef de l'Etat sortant.

Principal fief de Moustapha Niasse, Kaolack se positionne à la cinquième place avec 337.004 électeurs pour 846 bureaux de vote, avant Louga qui verra voter 324.895 Sénégalais dans 987 bureaux de vote.

Sur les treize adversaires d'Abdoulaye à la course à la présidence, cinq surtouts se démarquent par des intentions de vote appréciables auprès de cet électorat.

Soutenu par une coalition de 33 formations, l'ex-président de l'Assemblée nationale Macky Sall est crédité d'une position favorable dans les pronostics.

Candidat socialiste, Ousmane Tanor Dieng est décrit par les observateurs de la scène sénégalaise disent qu'il pourrait faire la différence.

Dans les rangs, les ex-Premiers ministres Idrissa Seck et Moustapha Niasse puis l'ex-ministre des Affaires étrangères passent eux aussi pour des concurrents sérieux du chef de l’Etat.

Depuis sa tentative de faire modifier la Constitution en juin 2011 pour permettre que le futur président soit élu à 25% des voix suivie de la validation de sa candidature controversée fin janvier, ce dernier est en difficulté dans les sondages, de l'avis des analystes.