Présidentielle sénégalaise : Wade appelle ses partisans à protéger le vote

Afriquinfos Editeur
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En compagnie de son épouse Viviane, son fils Karim et son équipe de campagne, l'ex-opposant historique qui fait l'objet aujourd'hui d'une vive contestation au sein de la population pour sa candidature jugée anticonstitutionnelle, a sollicité des électeurs sénégalais un "vote massif" pour la poursuite de son projet de Sopi (changement).

"Le problème de la régularité constitutionnelle de ma candidature est derrière nous. La question du report ou non du scrutin est derrière nous", a-t-il lancé à des milliers de partisans parmi lesquels des femmes et des jeunes arborant des tee- shirts de couleur jaune à sa gloire sur le place dite VDN ou voie de dégagement nord de la capitale, non loin du monument de la Renaissance, un secteur sous forte surveillance sécuritaire.

Selon lui, le processus électoral (qui a franchi une étape décisive avec la validation de sa candidature le 27 janvier par le Conseil constitutionnel dans une vague de violences) "s'est déroulé de manière consensuelle". De fait, "ce n'est pas le moment de négocier", a-t-il avisé en direction de ses adversaires.

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Plus de 5 millions d'électeurs inscrits sont appelés aux urnes sur le territoire national et à l'étranger pour désigner leur futur président pour les 7 prochaines années, entre le sortant et 13 autres candidats dont certains sont ses ex-collaborateurs (Idrissa Seck, Moustapha Niasse, MackySall, Cheikh Tidiane Gadio).

Pour ses détracteurs, après avoir été élu en 2000 et réélu en 2007, Wade a sapé une cote de popularité singulière. "Le président Wade est en train de remettre en cause 40 ans d'acquis démocratiques. Il a été élu par un élan populaire extraordinaire et a bénéficié d'une légitimité inégalée", lui reconnaît Abdoulaye Diao, jeune sénégalais membre du directoire Benno Tanor, qui soutient la candidature d'Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste.

 "C'est le président le mieux élu en Afrique en 2000. Pourquoi vouloir imposer coûte que coûte son fils?", s'interroge le jeune militant socialiste. "Ce qui nous gêne, ajoute-t-il, c'est qu'il a 93 ans au moment où je vous parle. Officiellement, il a 86 ans, mais c'est plus".

 Convaincu d'avoir encore à offrir à son peuple, le chef de l'Etat, lui, n'en a cure. Il a demandé ses adversaires de " respecter le Sénégal et les Sénégalais", y compris les institutions nationales. "Moi, je suis derrière le peuple et ma sécurité, c'est le peuple (…) Ils (les opposants NDLR) menacent de s'emparer des bulletins de vote. On les attend dans les bureaux de vote".

Se targuant d'avoir impulsé la croissance économique de son pays par des actions de développement pertinentes, Abdoulaye Wade a aussi fustigé l'ingérence étrangère par rapport au scrutin en vue. "C'est inacceptable", a-t-il dit dans une allusion implicite aux appels au "respect des aspirations du peuple pour un transfert de pouvoir entre générations", exprimés par les Etats-Unis et la France.

 Pour nombre de Sénégalais d'en bas en revanche, le président sortant est la cause de leurs malheurs actuels. "La vie est trop chère. On achète le gasoil 800 francs (CFA, 1,6 USD) le litre et le super 850 francs (1,7 USD), alors que dans les autres pays comme le Mali, c'est 600 francs, 650 francs au maximum", juge Alpha, chauffeur de taxi à Dakar qui, à l'instar de beaucoup de ses collègues, suit de près le rendez-vous électoral à partir de son poste radio.

 "Son fils (à la tête avec qualité de ministre d'Etat, du ministère de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l'Energie, ndlr), poursuit-il, gère 800 milliards (1,6 milliard USD). Il a sorti un décret qui dit que personne ne peut l'auditer. Récemment, on a organisé le FESMAN (Festival mondial des arts nègres, ndlr) qui a coûté 52 milliards (104 millions USD). Cela rapporte quoi au pays?".

Pour Ali Haidar, leader écologiste d'origine libanaise, proche du Parti socialiste, l'avenir est préoccupant avec une éventuelle réélection de Wade. "Ce n'est pas quelqu'un qu'on chasse par les cartes d'électeur. Il publiera ses propres résultats. Mais, les  jeunes sont déterminés à ne pas le laisser proposer ce résultat-là ".

A la veille du scrutin, une certaine psychose anime les Sénégalais, qui redoutent pour leur sécurité et la stabilité de leur pays lors du vote de dimanche et surtout à l'issue de la publication des résultats dès les jours d'après.