Maghreb: Rabat et Le Caire s’écharpent à nouveau au sujet du Sahara occidental

Afriquinfos
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Rabat (Afriquinfos 2016) – Le Royaume chérifien n’a pas du tout apprécié l’accueil réservé par les autorités égyptiennes à une délégation parlementaire du Sahara occidental, lors de la conférence arabo-africaine qui s’est tenue à Charm el-Cheikh le 10 octobre dernier. Le Maroc y a vu une provocation dans la démarche de l’Egypte.

C’est à travers les réseaux sociaux que la réaction marocaine s’est faite sentir. La presse qui parle d’une volonté manifeste de provocation n’a pas vu d’un très bon œil l’«accueil très chaleureux» réservé aux Sahraouis. Elle parle d’un soutien du Caire ! Ce qui à ses yeux  renforce le nombre des alliés du Sahara occidental au rang desquels se trouve l’Algérie (qui est au premier plan).

Conduite par Khatri Idoh, chef du Parlement sahraoui, l’Egypte est accusée par la presse marocaine d’avoir favorisé les rencontres bilatérales entre les parlementaires sahraouis lors de la conférence qui a duré plusieurs jours. Aussi, le Maroc s’appuie-t-il sur une vidéo qui circule sur le web et dans laquelle un officier prodigue des conseils de défense de territoire aux Sahraouis. Ce n’est pas la première fois que cet incident entre l’Egypte et le Maroc se produit au sujet du Sahara occidental. Le Maroc ne digère pas le refus égyptien de signer un document demandant à l’Union africaine de suspendre la participation du Polisario à l’UA. Un document accepté par 28 pays de l’organisation, mais pas par l’Egypte.

Précédents fâcheux 

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Lors du dernier Sommet de l’Union africaine à Kigali au Rwanda, une motion approuvée par 28 Etats membres a été adressée au Président en exercice de l’organisation continentale, Idriss Déby Itno, réclamant la suspension de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Elle a été signée entre autres par  le Gabon, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo. En réalité, le document conditionne le retour du Maroc au sein de l’organisation africaine par l’exclusion du mouvement indépendantiste qui revendique le Sahara Occidental, des activités de l’UA. Mais cette réintégration se heurte  pour le moment à certaines dispositions.

L’Acte constitutif de l’Union africaine a prévu deux moyens pour exclure un membre. Il s’agit des articles 30 qui stipulent que: «Les Gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités de l’Union». Le second concerne les modalités pour un Etat qui veut volontairement quitter l’UA. Si le premier article a été utilisé contre les pays comme la Guinée, l’Egypte et la Mauritanie, il sera difficile de l’appliquer à la RASD  qui siège à l’Union africaine. Deux possibilités restent. Il faut modifier le texte de l’UA.

Car son article 32 dispose que tout Etat peut soumettre des propositions d’amendement ou de révision. La Conférence de l’Union, l’organe suprême de l’UA, a alors un  an pour les examiner. De plus, c’est la Conférence des Chefs d’Etat qui a le pouvoir de les adopter, soit par consensus, soit à la majorité des deux tiers, c’est-à-dire 36 Etats, soient huit Etats de plus que les signataires de la motion de Kigali.

Il y a aussi une autre option. Celle de rassembler une majorité des deux tiers, c’est-à-dire la ratification par l’ensemble des Etats membres. Elle doit être faite «conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives».

Anani  GALLEY