Libye: La pratique de la boxe connaît une nouvelle vie, 11 ans après l’assassinat de Kadhafi

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

Tripoli (© 2022 Afriquinfos)- Après avoir été des parias pendant des décennies, les pratiquants de la boxe, redeviennent fréquentables en Libye. La discipline connaît même une hausse de ses adhérents notamment parmi la gente féminine.

La Boxe est interdit dans le pays depuis 1979 sous le régime du Colonel Kadhafi au motif que c’était un sport violent et sauvage. Pour expliquer cette interdiction, il faut feuilleter le ‘’Livre Vert’’ écrit par le Guide de la Jamahiriya islamique et dans lequel il édicte les fondements de sa pensée politique et définit les bases du régime du pays. On peut lire dans la troisième et dernière partie que : « Les sports de combat, comme la boxe et la lutte, sont le signe que l’humanité n’est pas encore dépouillée de toute sauvagerie, a-t-il écrit dans un chapitre consacré au sport. Ils disparaîtront lorsque l’homme aura gravi encore quelques échelons dans la civilisation. Les sacrifices humains et les duels au pistolet ont été fréquents à certaines époques de l’humanité. Mais il y a des années que ces pratiques sauvages sont tombées en désuétude. La boxe et la lutte connaîtront le même sort. Actuellement, ce sont les hommes les plus civilisés et les plus raisonnables qui sont en mesure d’éviter la pratique et l’encouragement de cette conduite sauvage. ».

Ce passage a suffi à dissuader les amateurs de boxe à porter leur gants et monter sur les rings. ‘’Kadhafi faisait si peur que personne n’a osé demander pourquoi. Le simple fait de chercher à le savoir pouvait nous conduire directement à Abou Salim [la prison du sud de Tripoli]. Tout le monde était terrifié. Même nous, les boxeurs, nous avions peur de nos ombres.’’  se souvient Kalifa Kaabour, qui a raflé tous les titres nationaux de 1965 à 1979 dans la catégorie poids plume.

Mais depuis la chute de Kadhafi, en 2011, les salles de boxe rouvrent et les amoureux du noble art affluent. Chose curieuse, dans un pays où les idées conservatrices ont toujours pignon sur rue, ce sont les femmes qui s’intéressent de plus en plus à la discipline. Lors d’un premier championnat organisé en septembre dernier, elles ont quelques unes à enfiler leurs gants pour défendre les couleurs de leurs clubs. « Peu m’importe tout ce que les gens peuvent dire, je n’écoute que moi-même. Je suis mon ambition. Je veux me réaliser. J’ai intégré le club en 2019 et j’ai participé à 5 championnats. J’ai tout remporté. Au début, je pensais que la boxe était un sport violent, mais en le pratiquant, je me suis habituée », témoigne Hibat al Salhine.

- Advertisement -

Mahmoud al Thleib, est le directeur du Club des Stars, de Guargaresh, un des tout premiers à avoir rouvert en 2011 et à y accueillir des femmes qui voulaient pratiquer la boxe. ‘’ Dans notre club, nous essayons de créer un climat propice qui favorise la participation des femmes à la boxe. Nous travaillons sur le rapport entre ce sport, la culture et les mœurs dans la société libyenne qui est différente des autres cultures. Nous pratiquons une politique équilibrée entre ces éléments. Notre société commence progressivement à accepter la pratique de ce sport par les femmes.’’, confie-t-il. En 2022, ce sont plusieurs dizaines de clubs qui sont ouverts à Tripoli et dans d’autres villes du pays avec un nombre de pratiquantes en constante augmentation.

Boniface T.