Abdelmalek Sellal, un Premier ministre technocrate

Afriquinfos Editeur
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La nomination de M. Sellal, connu pour un technocrate qui n'appartient à aucun parti politique, a soulevé la question : Sera- t-il en mesure d'apporter un changement tant aspiré dans ce pays d'Afrique du Nord.

 

MAINTIEN DU STATU QUO DANS L'ATTENTE DE LA PRESIDENTIELLE 2014

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Dans son allocution après la cérémonie de passation du pouvoir, M. Sellal a clairement déclaré que la continuité de l'exécution du programme de réformes du président Abdelaziz Bouteflika serait la priorité de son cabinet.

"Nous avons effectivement du pain sur la planche mais notre objectif principal est la poursuite de la mise en oeuvre du programme du président de la République sur le terrain", a souligné M. Sellal.

Pour Hakim Siadi, un analyste politique, la poursuite de la mise en oeuvre du programme du président équivaut au maintien du statu quo.

"Je ne crois pas que le gouvernement Sellal serait en mesure d'apporter un changement au statut quo que connaît l'Algérie. M. Sellal a dit qu'il continuera l'exécution du programme du président, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de changement sur la méthode du travail de son cabinet par rapport à celui d'Ouyahia", a fait remarquer à Xinhua M. Siadi, un analyste politique.

"Finalement, la majorité des ministres du gouvernement précédent ont été maintenus dans leurs postes, ce qui signifie qu' il s'agit plutôt d'un gouvernement de transition avec une durée de vie de 18 mois, dont la mission principale est l'organisation des prochaines élections présidentielles prévues en 2014", a-t-il poursuivi.

 

ALTERNANCE PACIFIQUE DU POUVOIR

 

"Ce remaniement partiel, qui a introduit un certain nombre de ministres technocrates, s'inscris dans l'alternance pacifique du pouvoir", a déclaré à Xinhua l'analyste politique Mhand Berkok.

Le nouveau cabinet comprend plusieurs ministres technocrates, dont l'économiste Bachir Messaïtfa, secrétaire d'Etat auprès du Premier Ministre, chargé de la Prospective et des Statistiques.

"Il (M. Sellal) est un technocrate, jouissant d'une longue expérience en matière de gestion locale et nationale (…) Je pense qu'il a le profil d'un homme de consensus, et il a une vision d'un Etat efficace et raisonnable", a déclaré Berkok.

M. Berkok a ajouté que ce remaniement "vise à maintenir, d'une part, l'exécution du programme du développement du Président, et d' une autre part à la poursuite du processus des réformes politiques dans le but de créer un environnement approprié pour la révision de la Constitution et éventuellement approfondir le processus de la démocratie dans le pays".

 

UN HOMME DE DIALOGUE

 

Un des principaux défis pour le nouveau gouvernement consiste à apaiser l'effervescence sociale qui émerge à chaque septembre, où commence le retour à l'activité dans les différents secteurs après la pause estivale.

Récemment, contre toute attente, les gardes communaux (police du village) venant des quatre coins du pays ont monté une marche sans précédent depuis la province de Blida en direction d'Alger pour réclamer une indemnisation pour leur combat à long terme contre le terrorisme.Toutes ces revendications restent à être traitées par le cabinet de M. Sellal.

"Je crois que les revendications sociales en Algérie sont exagérées. Il y'a une tendance d'avidité dans les revendications des syndicats protestataires, surtout que l'Etat a fait clairement preuve d'une disposition à dépenser de l'argent pour calmer ces réclamations, à travers la méthode de l'achat de la paix sociale, plutôt que d'opter pour le règlement définitive de ces problèmes, chose qui demande du temps et de la patience. En un mot, je dirais que Sellal va continuer dans cette logique, tout comme son prédécesseur, d'ailleurs", a estimé M. Siadi.

A cet égard, M. Berkok a jugé que "si on regard attentivement l'allocution que Sellal a fait lors de son installation, on remarquera qu'il a plaidé pour le consensus et le dialogue, pour effectivement sauvegarder la stabilité sociale et politique, tout en prenant en considération de telles revendications".

 

PAS DE CHANGEMENTS DANS L'ECONOMIE

 

Après sa prise de fonctions, M. Sellal a affirmé qu'il allait essayer de donner une nouvelle vie à l'économie, car la revitalisation de l'économie nationale constitue un autre défi majeur du cabinet.

Certains observateurs souhaitent que le nouveau Premier ministre puisse assouplir les lois établies par son prédécesseur, Ahmed Ouyahia, en termes d'investissements étrangers, notamment pour ce qui est la règle 49-51, en plus des restrictions sur le transfert de devises à l'étranger.

Toutefois, Hamid Rouaba, un spécialiste en économie, a estimé que M. Sellal n'apporterait aucun changement dans le domaine de l'économie.

"La mission principale de Sellal n'est pas d'apporter un changement à quoi que ce soit dans l'économie. Son principal objectif c'est de préparer les prochaines échéances électorales. Son cabinet est d'ordre administratif. Je ne prévois donc aucun changement en termes de la politique du pays sur le plan de l'économie et d'investissement. Il a déclaré lors de son installation que son objectif était l'organisation des élections et la révision de la Constitution", a expliqué M. Rouaba.

Abdelmalek Sellal, 64 ans, connu pour "main droite" du président, assume successivement les postes de ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, ministre de la Jeunesse et des Sports, ministre des Travaux publics, ministre des Transports, et enfin ministre des Ressources en eau, avant d'être nommé Premier ministre. Il a également pris en charge, à deux reprises, les campagnes électorales d'Abdelaziz Bouteflika pour les présidentielles de 2004 et 2009.