Centre de Johannesburg: Plus de 70 personnes vivant dans des conditions insalubres périssent dans un violent incendie indigne de l’Afrique du Sud

Afriquinfos Editeur
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La façade d'un immeuble incendié à Johannesburg, le 31 août 2023.

Ils sont des dizaines à avoir été pris au piège: enfermées derrière les grilles verrouillées d’un immeuble squatté et délabré de Johannesburg, plus de 70 personnes dont des enfants ont péri jeudi 31 aout dans un violent incendie dont le bilan pourrait encore grimper.

Les corps de victimes de l’incendie d’un immeuble à Johannesburg, le 31 août 2023.

« Nous avons couru pour essayer de trouver une sortie de secours », relate Kenny Bupe. Le jeune homme de 28 ans raconte à l’AFP avoir dû au milieu de la nuit, avec un groupe d’hommes, forcer une grille fermée à clef pour échapper aux flammes. « D’autres avaient déjà sauté par les fenêtre parce qu’ils savaient que la porte était verrouillée ».

Un incendie a ravagé l’immeuble de quatre étages dans la nuit de mercredi à jeudi dans la capitale économique sud-africaine. Le bâtiment, à la façade désormais noircie par la fumée, est situé dans le centre-ville, rongé par l’insécurité dans un des pays les plus dangereux au monde.

A chaque étage, des grilles fermées chaque soir à double tour pour éviter l’entrée d’intrus. Quand l’incendie s’est déclaré, la panique a envahi les occupants. Au petit matin, des corps ont été découverts derrière une grille fermée à clef.

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Nobuhle Zwane s’en est sorti, de justesse: « Nous avons eu beaucoup de mal à sortir », narre-t-elle à l’AFP, ses enfants de 2 et 13 ans à ses côtés. Elle décrit des gens courant dans tous les sens. Dans les couloirs, des lits, du mobilier, avaient été empilés pour tenter de ralentir le feu.

– « Des corps partout » –

A l’extérieur, des draps et des couvertures restent suspendues aux fenêtres. Les occupants de l’immeuble ont utilisé ce qu’ils avaient sous la main pour fabriquer des cordes de fortune et tenter de s’échapper.

« Des garçons ont réussi à sortir par les fenêtres, les femmes et les enfants sont restés derrière et sont morts à l’intérieur », témoigne Irene Ntamba, une survivante. « Tout a brûlé, nos papiers, notre argent ». Des témoins ont dit aux journalistes avoir vu des bébés jetés par les fenêtres, dans des tentatives désespérées de les sauver des flammes.

« Il y avait des corps partout sur le sol » après l’incendie, décrit Noma Mahlalela, 41 ans, femme de ménage. Avec des échelles mécaniques, les pompiers retournent encore et encore dans l’immeuble. Ils fouillent, étage par étage, mètre carré par mètre carré. Ils ne cherchent plus vraiment de survivants mais des corps. L’incendie était maîtrisé jeudi matin. Police, médecins légistes et élus locaux sont arrivés sur place. Au milieu de la route, un imposant camion des secours tente de bloquer la vue. Derrière, allongés sur le pavé, des corps calcinés.

Les secours recueillent des blessés souffrant d’intoxication et de contusions. Des femmes pleurent au loin. Des voisins sont descendus dans la rue, d’autres observent depuis leur fenêtre. L’origine de l’incendie n’a pas encore été élucidée. Les autorités ont évoqué l’éclairage à la bougie comme possible cause. Opulent quartier d’affaires au temps de l’apartheid, le centre de Johannesburg regorge aujourd’hui d’immeubles abandonnés souvent déconnectés du réseau électrique et exploités par des marchands de sommeil.