Mécontentement en treillis au Niger: L’Etat donne des explications à un « mouvement d’humeur »

Afriquinfos Editeur
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Niamey (© 2023 Afriquinfos)- « Un mouvement d’humeur anti-républicain » de certains éléments de la garde présidentielle: c’est avec ces termes via un tweet que la Présidence du Niger a qualifiés les faits qui se sont produits dans les locaux de la Présidence en cette matinée du 26 juillet 2023.

Selon la même source, des éléments de la garde présidentielle ont échoué à rallier à leur cause les Forces armées nationales et de la Garde nationale. Dans un autre tweet, la Présidence du Niger fait savoir que le Président Mohamed Bazoum et sa famille sont retenus à Niamey par la garde présidentielle, commandée par le général Omar Tchiani, Toutefois, ils « se portent bien« , selon des sources officielles.

La Présidence du Niger a en outre fait savoir que « l’Armée et la Garde Nationale sont prêtes à attaquer les éléments de la GP impliqués dans ce mouvement d’humeur s’ils ne reviennent pas à de meilleurs sentiments« . Dans un message sur ses réseaux sociaux – qui a été en partie supprimé quelques minutes plus tard – la Présidence du Niger a affirmé en outre à la mi-journée que ‘’des éléments de la Garde présidentielle (GP) ont […] tenté en vain d’obtenir le soutien des Forces armées nationales et de la Garde nationale’’.

L’accès à la Présidence du Niger, à Niamey, était bloqué, mercredi 26 juillet, par des membres de la Garde présidentielle, commandée par le général Omar Tchiani.  ‘’Tôt ce mercredi matin, des éléments de la Garde présidentielle ont engagé un mouvement d’humeur antirépublicain et tenté en vain d’obtenir le soutien des Forces armées nationales et de la Garde nationale’’, a relaté la Présidence nigérienne sur Twitter, ce mercredi à 13h30.

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Pour l’heure, les raisons ayant poussé les militaires à l’origine de ce mouvement de colère restent floues et la situation ne semble toujours pas sous contrôle.

Retour aux vieilles habitudes au Niger?

Pays le plus vaste d’Afrique de l’ouest, le Niger est l’une des nations les plus sujettes aux coups d’État dans le monde, avec quatre putschs enregistrés depuis la fin de la colonisation française, en 1960.

Le 15 avril 1974, Hamani Diori, premier Président du pays, a été renversé par le lieutenant-colonel Seyni Kountché. Ce dernier instaure une dictature militaire et fera lui-même face à plusieurs tentatives de putsch, en 1975, 1976 et 1983. Après sa mort d’une tumeur au cerveau, le 10 novembre 1987, son chef d’état-major Ali Saïbou lui succède.

En 1991, une Conférence nationale désigne un Gouvernement civil qui mène le retour à la démocratie. En mars 1993, Mahamane Ousmane, économiste et Président de la Convention démocratique et sociale (CDS), est élu à la Présidence de la République, au cours d’une élection multipartite. Mais il est renversé le 27 janvier 1996 par le colonel Ibrahim Baré Maïnassara.  Ce dernier fera, à son tour, face à un coup d’État, au cours duquel il trouve la mort, le 9 avril 1999.

Son successeur, le commandant Daouda Malam Wanké, chef de la Garde présidentielle, acceptera de rendre le pouvoir à un régime civil. L’élection présidentielle suivante est remportée, le 24 novembre 1999 par Mamadou Tandja, ex-militaire et leader du MNSD-Nassara, l’ancien parti unique. Mais le 18 février 2010, ce dernier est renversé par des militaires.

L’Armée promet néanmoins de rendre le pouvoir aux civils et une présidentielle démocratique est effectivement organisée, début 2011. Elle est remportée par Mahamadou Issoufou, leader du PNDS (Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme) et adversaire de l’ex-Président Tandja.

Mahamadou Issoufou quittera le pouvoir dix ans plus tard, au terme de son deuxième mandat, conformément à la Constitution. Une grande première au Niger. Et c’est Mohamed Bazoum, l’un de ses ministres-clés, qui lui succède, après avoir remporté le second tour de la présidentielle, le 21 février 2021. Une partie de l’Opposition contestera les résultats finaux. Une tentative de coup d’État a lieu, les 30 et 31 mars suivant, mais Mohamed Bazoum est finalement investi à la Présidence de la République, le 2 avril. Elu démocratiquement en 2021, il est un proche allié de la France dans la lutte régionale contre le jihadisme.

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