CEDEAO/Tinubu et conception des coups d’Etat: Susceptibilité des trois Transitions en cours de nouveau froissée?

Afriquinfos Editeur
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Bissau (© 2023 Afriquinfos)- Les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont élu, Bola Tinubu à la tête de l’organisation sous-régionale. Le président du Nigeria, comme à sa prise de pouvoir dans son pays, a aussitôt imprimé sa marque. Annonçant une tolérance zéro face aux coups d’Etat en Afrique de l’Ouest. Les Transitions en cours au Mali, au Burkina Faso et en Guinée sont directement visées par les déclarations du nouveau Président en exercice de la CEDEAO.

Les coups d’Etat à répétition en Afrique de l’Ouest, Bola Tinubu n’en veut plus. Fraîchement porté à la tête de la CEDEAO, le Président du Nigeria en a fait l’une de ses priorités. Il faut dire que ces dernières années, les mauvais exemples se sont multipliés dans la sous-région ouest africaine. Trois pays membres, le Mali, la Guinée et le Burkina Faso ont connu cinq coup d’Etat depuis 2020. « Sans démocratie, il n’y a pas de gouvernance, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas d’État de droit. Nous ne permettrons pas qu’il y ait coup d’État après coup d’État dans la sous-région ouest africaine” a déclaré le président en exercice de la CEDEAO. Bola Tinubu a de ce fait, promis d’engager des discussions avec les dirigeants de ces pays en transition pour un retour du pouvoir aux civils.

En effet, les transitions en cours dans ces trois pays doivent conduire en 2024 à une passation de pouvoir aux civils.  Au Mali, un référendum portant sur un projet de Nouvelle Constitution organisé en juin dernier a reçu une forte adhésion populaire. Ce processus doit aboutir en mars 2024. Une échéance que n’a pas manqué de rappeler les Chefs d’Etat de la CEDEAO. Dans le communiqué sanctionnant leur 63ème Session ordinaire, les dirigeants ouest-africains disent avoir bonne note de la tenue du référendum qui «marque une étape majeure dans la cadre de la mise en œuvre de la feuille de route de la transition et un pas important vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans cet état membre».

C’était l’occasion pour la CEDEAO «d’exhorter les Etats membres en transition à respecter fidèle à leur engagement concernant l’échéancier de 24 mois convenu, tout en s’assurant que les processus de transition soient menés de manière transparente, inclusive et consultative, avec l’ensemble des parties prenantes».

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Cette exhortation est autant valable pour le Mali, la Guinée que le Burkina Faso. Sauf qu’à Bamako, la tendance n’est pas à une cession du pouvoir aux civils. Le projet de nouvelle loi fondamentale malienne renforce les pouvoirs du président. Ce dernier peut notamment ordonner la mobilisation générale pour défendre le pays «lorsque la situation sécuritaire l’exige».

Il dégage en outre les putschistes de toute poursuite judiciaire et pourrait aussi permettre à la junte de présenter certains de ses membres à la future élection présidentielle prévue en février 2024. Il n’est pas exclu que ce soit Assimi Goïta lui-même qui se présente. Avec ce vote, la Charte de la Transition qui interdisait au président de se présenter à une élection peut en effet être considérée comme caduque par la junte militaire.

Reste à savoir quelle sera en ce moment-là, la réaction de la CEDEAO et de son président en exercice, Bola Tinubu qui a mis la lutte contre les coups d’Etat en haut de la pile de ses priorités.

S. B.