Disparition de Francis Wodié, éminent juriste africain et francophone

Afriquinfos Editeur
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Abidjan (© 2023 Afriquinfos)- Francis Romain Wodié, l’ancien président de la Cour constitutionnelle ivoirienne dans les années 2010, est décédé ce lundi 3 juillet 2023, des suites d’une longue maladie, à l’âge de 87 ans. Depuis l’annonce du décès de cet éminent Professeur de droit, défenseur des droits de l’Homme et éternel opposant, plusieurs personnalités de la classe politique ivoirienne lui rendent hommage.

Alassane Ouattara a rendu hommage à « un éminent intellectuel, un grand serviteur de l’Etat et une personnalité politique importante« . Le chef de l’Etat a présenté, au nom de l’exécutif ivoirien et en son nom propre, ses « condoléances émues » à la famille de l’illustre disparu.

Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire, a rendu hommage à ce grand serviteur de l’État, dont les compétences juridiques ont conquis le monde universitaire au-delà de l’Afrique.

« Personnellement, je perds un camarade de lutte avec qui nous avons partagé plusieurs décennies de combat pour la conquête des libertés et le retour au multipartisme« , a exprimé Laurent Gbagbo. ‘’Avec sagesse et clairvoyance, il a dirigé le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire et son départ de cette institution restera gravé dans les mémoires comme son ultime geste de dignité et de noblesse pour préserver l’indépendance de la justice et la sacralité du droit constitutionnel, loin des ingérences politiques’’, a écrit Guillaume Soro dans un post sur sa page Facebook.

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Le MFA, parti membre fondateur du RHDP, par la voix de son Président Yaya Fofana salue la mémoire de cet éminent universitaire, homme de science et de ce combattant passionné de la démocratie puis du triomphe du Droit dont il était un érudit. Le MFA présente par ailleurs ses condoléances à sa famille biologique, sa famille politique et à sa famille académique.

Dans cette douloureuse circonstance, le président du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire a également exprimé sa compassion envers la famille politique et biologique du défunt illustre. Namizata Sangaré, présidente du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), considère que Francis Wodié incarnait la simplicité du grand homme et la sagesse du maître.

3 fois candidat malheureux à des présidentielles

Doublement agrégé de droit public et de sciences politiques, Francis Wodié, professeur titulaire des universités, a marqué de son empreinte l’enseignement de cette discipline dont il était considéré, à juste titre, comme l’une des plus grandes sommités dans le monde universitaire francophone.

Avec l’avènement du multipartisme, en 1990, Francis Romain Wodié crée sa formation politique, le Parti ivoirien des travailleurs (PIT). Il est élu la même année députée de Cocody, dans l’Est d’Abidjan, mais est le seul parlementaire de son parti.

Défenseur des droits de l’Homme, il fonde dans les années 1970 un des syndicats qui deviendra l’un des plus puissants au niveau universitaire, le Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur (SYNARES).

Son immense connaissance des sciences juridiques et son attachement à la construction d’un État de droit en Côte d’Ivoire, rappellera-t-il, ont guidé son engagement syndical et politique, aussi bien à la tête du Parti ivoirien des travailleurs et du SYNARES dont il fut le premier secrétaire général.

Francis Wodié a dirigé la section ivoirienne d’Amnesty International dont il fut le premier président et de l’Association ivoirienne de Droit Constitutionnel qu’il créa et dont il fut le premier président. Pour Soro, son engagement pour ‘’le respect des droits de l’homme et du citoyen, n’a jamais faibli’’.

L’ex-doyen de la Faculté d’Abidjan de Droit était candidat malheureux en 1995 et 2000 (3,8 % et 5,7 % des voix), et en 2010.

Francis Wodié a été nommé par le président Alassane Ouattara, le 25 juillet 2011, président du Conseil constitutionnel, peu de temps après qu’il se soit retiré de la vie politique active. Selon des observateurs de la vie politique ivoirienne, il avait pour mission de redonner ses lettres de noblesse à cette institution dont la réputation avait été ternie.

V. A.