Tchad : 60 actions pour redynamiser le système éducatif (PAPIER GENERAL)

Afriquinfos Editeur
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"Les difficultés de notre système éducatif sont profondes et nécessitent des actions pragmatiques, aussi bien structurelles, pédagogiques qu'éducatives importantes que l'ensemble de la communauté nationale et les partenaires de l'école attendent", a déclaré M. Payimi Kalzeubé Deubet, Premier ministre tchadien.

Malgré les états généraux de l'éducation en 1994, des journées de réflexion, des ateliers de mise en œuvre et le forum national de 2012, l'école tchadienne se porte encore mal. L'alerte sur cette décrépitude a été enclenchée ces dernières années par le faible taux de réussite aux examens de fin d'année et plus particulièrement au baccalauréat.

En effet, les défis de l'école tchadienne s'articulent autour de la réduction des disparités dans l'accès, l'achèvement et la réussite entre les élèves en âge scolaire, la formation des enseignants et la valorisation des maîtres communautaires, ces enseignants formés sur le tas et qui tiennent la plupart des écoles primaires grâce aux cotisations des parents d'élèves.

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A cela s'ajoutent la croissance démographique (qui implique une forte demande), l'amélioration du temps effectif d'apprentissage, la précarité des salles de classe en milieu rural (qui ne permet pas le respect du temps scolaire, écourté dès la première pluie, au mois de mai), l'allocation des ressources pour l'investissement (qui ne permet pas encore d'améliorer l'offre et la qualité de l'éducation), etc.

Pour redynamiser l'école tchadienne, le gouvernement et ses partenaires sociaux, techniques et financiers se sont réunis, mi-mai, et dégagé un plan comprenant soixante actions à mettre en œuvre. Le document finalisé qui vient d'être publié, prévoit, entre autres, l'adoption des textes d'application de la loi  portant organisation du système éducatif; la création et la mise en place d'un conseil supérieur de l'éducation et des conseils nationaux et régionaux de la carte scolaire; l'organisation de concours pour l'entrée dans la Fonction publique, en régionalisant les postes d'enseignants et contractualisant des enseignants pour pallier les carences dans certaines zones du pays.

Il faudra également réformer les programmes de formation initiale des enseignants et intégrer, dans les programmes des écoles normales, des modules de formation en gestion des établissements, appliquer le décret fixant le statut particulier des corps de fonctionnaires du secteur de l'éducation pour le choix des enseignants du supérieur et redéployer le personnel enseignant n'ayant pas le profil requis pour un niveau donné vers les autres ordres d'enseignement ou départements ministériels.

Les nouveaux objectifs spécifiques imposent, par ailleurs, la présentation d'un plan destiné à accroître l'offre de l'accès avec un ratio de 65 élèves par salle de classe, tout en ayant recours à des modes de construction innovants conformes aux normes d'hygiène, de sécurité et de salubrité. Les parents d'élèves doivent être impliqués dans le suivi et le contrôle de la qualité des apprentissages, respecter et faire respecter le règlement intérieur des établissements, tout étant sensibilisés sur leurs rôles et responsabilités dans le système.

Les gouverneurs seront, fermement, instruits pour veiller à la présence effective des enseignants à leur poste, appliquer, sévèrement, les sanctions financières et administratives à l'encontre des absents et éteindre ainsi, progressivement, selon un quota annuel, au bout de cinq ans, le corps des maîtres communautaires.

"Le projet de feuille de route adoptée n'a pas vocation à mettre à la disposition des intervenants une solution magique. D'aucuns ont dit que le système éducatif est malade et d'autres ont dit qu'il est hospitalisé. Personne n'a la prétention d'être ce médecin rare qu'il faut", a précisé le chef du gouvernement tchadien, Payimi Kalzeubé Deubet. Cependant, la feuille de route permet, a-t-il précisé, de relancer et renforcer le processus de mise en œuvre des documents régissant le système éducatif tchadien.

Pour la mise en œuvre de ces différentes actions, la feuille de route propose que des rencontres mensuelles soient instituées au niveau national autour du Premier ministre, et au niveau régional autour des gouverneurs en collaboration avec les techniciens du système éducatif.

"Le Tchad a bénéficié de l'appui financier du Partenariat mondial pour l'éducation d'un montant de 47,2 millions dollars américains dans le cadre du Projet de revitalisation de l'éducation de base au Tchad (PREBAT), l'appui de la fondation du Qatar au secteur de l'éducation, d'un montant de 13,056 millions USD. A cela s'ajoutent d'autres contributions des partenaires techniques et financiers présents au Tchad", indique Bruno Maes, représentant de l'Unicef au Tchad et chef de file des partenaires techniques et financiers.

Pour M. Maes, les recommandations antérieurement formulées peuvent apporter de solutions pourvu qu'on en fasse bonne exécution.

Pour le président de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves du Tchad (FENAPET), Bamaye Mamadou, l'on a de quoi s'indigner lorsque l'école se transforme en un comptoir commercial par opposition à la pédagogie. Cette confusion déontologique est, selon lui, la cause principale de la baisse de niveau généralisée aujourd'hui.