N’Djaména (© 2024 Afriquinfos)- Dix candidatures ont été validées pour l’élection présidentielle du 6 mai 2024 au Tchad, sur les vingt dossiers déposés. Selon une décision rendue ce dimanche 24 mars 2024 par le Conseil constitutionnel, parmi la dizaine de candidatures validées, figurent celle du président de transition, Mahamat Idriss Déby, du Premier ministre, Succès Masra, ou encore de l’ancien Premier ministre, Albert Pahimi Padacké.
Cependant dix autres candidats ont vu leur dossier rejeté par le Conseil constitutionnel présidé par Maître Jean-Bernard Padaré. La plupart des candidats ont été rejetés pour des pièces d’état civil non conformes qui n’ont pas permis au Conseil d’attester qu’ils remplissaient les critères d’éligibilité.
Il s’agit notamment d’extraits d’actes de naissance incomplets. Un cas en particulier a retenu l’attention du Conseil, celui de Nassour Ibrahim Koursami, le candidat du Groupe de concertation des acteurs politiques (Gcap), une plateforme de l’opposition particulièrement virulente. Ses documents indiquent plusieurs lieux de naissance différents. Il possèderait également trois nationalités, à savoir les nationalités tchadienne, soudanaise et britannique.
Le Conseil ordonne donc le dépôt de toutes les pièces de son dossier au parquet, en vue de l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « faux et usage de faux ».
Défaut d’état civil également pour Ahmat Hassaballah Soubiane, figure politique historique, membre fondateur du MPS. Entré en dissidence, plusieurs fois rebelle et plusieurs fois ministre, il n’a pas pu, lui, produire sa mise en disponibilité qui est pourtant requise pour un militaire.
Le premier tour de la présidentielle verra s’affronter dix candidats dont les deux têtes de l’exécutif, à savoir l’actuel président de Transition, Mahamat Idriss Deby et son Premier ministre, l’ancien opposant, Succès Masra, rentré d’exil à la faveur d’un accord politique.
En course également pour la quatrième fois, l’ancien Premier ministre, Albert Pahimi Padacké, ainsi que sept autres candidats dont une seule femme. Quant à la campagne électorale, elle démarre officiellement, le 14 avril prochain.
Pour sa part, la plateforme de la société civile Wakit Tama [« Il est temps », en arabe tchadien] a appelé dans la matinée du dimanche, au boycott du scrutin qu’elle qualifie de « mascarade ».
Elle estime que le scrutin est « gagné d’avance » par le président de transition Mahamat Idriss Déby., appelle ainsi au boycott de l’élection : « Si vous boycottez, il va être élu, si vous ne boycottez pas, il va être élu. Donc est-ce que le boycott a une importance ? Oui, parce que refuser d’aller voter, c’est un point de vue, parce que la légitimité, elle, va maintenant commencer à être balancée », a laissé entendre Soumaïne Adoum, porte-parole la plateforme.
Younous Mahadjir de l’UST critique les candidats à la présidentielle pour leur manque de sérieux, les accusant de participer uniquement pour servir leurs intérêts. Toutefois, d’autres candidats soutiennent que participer est nécessaire pour contester les résultats et dénoncer les fraudes, tandis que certains craignent que boycotter les élections ne nuise à leur parti politique à long terme.
V.A.