Ouagadougou (© 2019 Afriquinfos)- Alors qu’elles étaient détenues en garde à vue dans le cadre d’une enquête de la police, 11 personnes sont décédées dans une cellule de l’unité antidrogue de la police le 15 juillet au Burkina Faso. Les proches des victimes se sont rendues ce mercredi 17 juillet, à la morgue pour le début des autopsies mais celles-ci n’ont pas accès aux corps des victimes. De leur côté, les médecins légistes sont au travail.
Un sentiment de colère domine chez ces familles qui ignorent pour la plupart les raisons pour lesquelles leurs proches avaient été interpellés dans le cadre d’une opération de lutte contre le trafic et la consommation de drogue et exigent toute la lumière sur cette affaire avant l’inhumation des corps.
Pour l’heure, plusieurs questions restent encore sans réponse. Les défenseurs des droits de l’homme s’interrogent sur les circonstances qui ont conduit la mort de onze personnes dans une cellule lors de leur garde à vue. Combien de détenus se trouvaient dans la cellule de l’unité antidrogue avant ce drame
D’après une information diffusée sur Rfi, Saada Sana une proche de deux victimes raconte que dans la nuit du mercredi 10 juillet son oncle et son frère ont été interpellés à leur domicile par la police. La famille n’a jamais pu les revoir jusqu’à l’annonce de leur décès : « Je suis parti jeudi, explique-t-elle. Le commissaire m’a dit de revenir lundi qu’ils vont le faire sortir. C’est lundi matin qu’on m’a appelé. Ils voulaient le numéro de notre père. J’ai donné son numéro et ils ont dit que les gens étaient morts. », A-t-elle confié.
Narcisse Dima était dans son atelier de couture vendredi quand il a reçu un appel l’invitant à venir pour la réalisation d’un clip vidéo, car il faisait aussi de la musique, selon l’un de ses collègues. Il est allé à son rendez-vous et n’a plus donné signe de vie, jusqu’à ce que la police appelle son frère Flavien Dima : « Ils ont cité les noms. C’était le vendredi soir qu’on les a interpellés. Mais un matin, ils ont trouvé les onze morts. À l’heure actuelle, je ne suis pas prêt pour récupérer son corps. Je n’arrive pas à réaliser. C’est difficile. Franchement, c’est difficile. »
Série d’indignations
Selon Urbain Yaméogo, directeur exécutif du Centre d’information et de formation en matière des droits de l’homme (CIFDHA), « plusieurs familles ont fait savoir que leur proche avait été interpellé et détenu sans qu’ils n’en soient informés. C’est après maintes recherches que certains ont appris leur arrestation. Cela constitue une entorse aux principes qui garantissent la procédure pénale. », a-t-il dit dénonçant un non-respect des procédures par l’unité antidrogue :
Dans un message, le Premier ministre, Christophe Dabiré, écrit que des instructions fermes ont été données pour élucider cette « tragédie inacceptable » et administrer des sanctions. Ce qui pourrait laisser penser qu’une faute serait à l’origine de ces morts. Le ministre de la Sécurité confirme également qu’une enquête administrative a immédiatement été ouverte. Il faut vite situer les responsabilités et prendre des mesures conservatoires pour que l’enquête puisse se dérouler dans les meilleures conditions, assure Ousseni Compaoré.
Les mouvements de défense des droits humains entendent suivre cette affaire de près. « Rien ne justifie la survenue d’un tel drame », estime Urbain Yaméogo, le directeur exécutif du centre d’information et de formation en matière de droits de l’homme.
Innocente Nice