Tchad : Le solaire comme solution au problème énergétique

Afriquinfos Editeur
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En 2008, face à la désertification qui menace tout le pays, le gouvernement tchadien a interdit l'utilisation du bois de chauffe et du charbon de bois, principales sources énergétiques des ménages tchadiens. Ceux-ci ont, dans leur majorité, passé des mois difficiles, avec une Société nationale d'électricité qui peine à fournir régulièrement l'énergie et à la cherté et à la rareté du gaz butane, imposé comme combustible de substitution.

 C'est dans ces conditions que le Centre de promotion de l'énergie solaire (Promosol), œuvre des Assemblées chrétiennes du Tchad, a eu l'ingénieuse idée de fabriquer un four solaire.

"Nous recevons environ mille fois l'énergie solaire plus que nous avons besoin. Le soleil est tellement fort, on ne peut presque pas s'imaginer quelle énergie nous frappe quotidiennement. C'est un cadeau de Dieu qui a créé le soleil. Ne pas utiliser cette source d'énergie qui est renouvelable, propre et sans danger, c'est comme refuser ce cadeau", déclare Mme Kakesse Damaris, président du Centre Promosol.

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 "Le four solaire fonctionne uniquement avec le soleil. On n'a pas besoin de gaz, ni de fagot ni de charbon. Et c'est à la portée de tous les Tchadiens", ajoute-t-elle.

 Utiliser le four solaire permet, selon elle, d'économiser facilement par mois 10.000 F CFA (20 USD), par rapport aux fagots ou au gaz.

Des experts venus de la Suisse forment régulièrement des Tchadiens sur la fabrication de ces fours et sur leur utilisation.

 "Le centre Promosol entend vulgariser la technique de cuisson avec l'énergie solaire, améliorer la qualité nutritionnelle des aliments par le séchage solaire, produire de l'électricité solaire appropriés et adapté, promouvoir l'auto-emploi et réduire la consommation du bois par la substitution partielle des fours solaires", précise Mme Kakesse Damaris.

 Une dizaine de fabricants locaux de fours solaires ont été formés par le Centre Promosol, ainsi que plusieurs autres dizaines d'animatrices pour l'utilisation et la vulgarisation. Mais si le four solaire est très apprécié, il n'est pas encore très répandu. Et l'énergie reste toujours un grand problème pour les ménages et les entreprises au Tchad.

Pourtant, ce vaste pays d'Afrique sahélienne dispose d'importantes potentialités, telles l'éolien, le solaire et la biomasse. Du nord au sud du Tchad, le soleil brille de 2.750 à 3. 250 heures par an; ce qui donne en moyenne 4 à 6 kilowatts/heure par mètre carré et par jour. En cette saison des pluies, le thermomètre tourne entre 35°C et 40°C, voire plus, à l'ombre à N'Djaména, la capitale.

 Quant à l'éolien, suivant les résultats des mesures satellitaires, il ressort que le Tchad est doté d'un gisement très important dans les régions du nord, où il y a deux chaînes montagneuses, de même que dans les régions du centre et du sud.

 Mais toutes ces ressources d'énergies renouvelables, bien qu'abondantes, n'apparaissent pas au bilan énergétique du Tchad en raison essentiellement de leur faible niveau d'exploitation: 3 à 4% d'électricité d'origine thermique, contre 6 à 7% de produits pétroliers et plus de 90% de bois de chauffe et de charbon de bois.

 Depuis deux ans, le président tchadien Idriss Déby Itno a ainsi engagé son pays sur la voie des énergies renouvelables.

 "La solution globale du problème énergétique est un impératif majeur de mon quinquennat et de ma vision pour le développement du Tchad. L'appropriation des énergies renouvelables en sera le vecteur essentiel", avait-il déclaré en clôturant les travaux du forum sur les énergies renouvelables, tenu début février 2012 à N'Djaména.

Le président Déby avait demandé à son gouvernement " d'entreprendre sans délai" un certain nombre d'actions, dont la création d'une agence autonome chargée de réguler le développement de l'accès et de la promotion des investissements dans le secteur des énergies renouvelables, et l'instauration d'un régime fiscal favorable au développement des énergies renouvelables, notamment en aménageant ou en supprimant simplement la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les taxes et frais de douanes sur les matériels concernés.

Avec la création de l'Agence, par une loi adoptée fin mai 2014, un grand pas a été franchi. Pour marquer son engagement, le gouvernement a déjà commencé à intégrer le solaire comme source d'énergie principale ou secondaire, dans toutes les nouvelles constructions d'édifices publics intègrent.

Pour l'éclairage public de la capitale tchadienne, les autorités communales ont également misé depuis quelques années sur l'énergie solaire, avec l'appui des partenaires dont la Chine.

Lundi, l'ambassadeur de Chine au Tchad, Hu Zhiqiang, a offert au gouvernement tchadien plus de 6.000 de kits solaires de 100 et 50 watts, espérant que ce don va renforcera "la capacité du Tchad dans le domaine de la lutte contre le changement climatique".

Selon le diplomate chinois, son pays est un grand consommateur de l'énergie, même si sa consommation énergétique par habitant ne représente que trois quarts de la moyenne mondiale. Les rapports récents de la nouvelle énergie du monde montrent que la Chine est le plus grand investisseur dans le domaine de nouvelle énergie, et le plus grand producteur d'électricités de la nouvelle énergie.

"La Chine s'attèle à bâtir une société économe en ressources et respectueuse de l'environnement. En travaillant activement à développer les énergies propres et renouvelables, la Chine a accumulé une riche expérience pendant de longues années", précise M. Hu Zhiqiang. Il ajoute que son pays est prêt à aider le Tchad à promouvoir activement l'exploitation et l'utilisation de la nouvelle énergie.

Dans sa marche vers le solaire, comme dans plusieurs autres domaines, le Tchad peut ainsi compter sur l'appui et l'expérience de la Chine, "un de ses partenaires privilégiés".

 

 

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