Tchad : Une ambitieuse ceinture verte autour de la capitale pour contrer le désert

Afriquinfos Editeur
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Le ministère tchadien de l'Environnement et des Ressources, chargé de sa gestion, se démène pour entretenir les arbres déjà plantés mais souvent abandonnés, et combler les 143 hectares qui restent (sur 800 hectares au total prévus), d'ici l'année prochaine.

A la sortie nord-est de N'Djaména se dessine un grillage divisé en deux par la route qui mène à Gaoui, village qui a donné son nom à la Ceinture verte. C'est l'enclos qui protège les plants (notamment la gomme arabique, l'acacia balanites, le nem et le prosopis) contre les animaux.

Divisée en vingt-deux secteurs, la Ceinture verte, située juste derrière la grande tranchée creusée après les événements de février 2008 pour empêcher aux rebelles de ré-infiltrer la capitale tchadienne, s'étend sur 40 km de long et 200 m de large.

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Les premiers plants y ont été mis en terre le 16 août 2008, sur le site pilote de Gaoui. Le programme devra couvrir 800 hectares. Selon le ministre de l'Environnement et des Ressources halieutiques, Mahamat Béchir Okoromi, interpellé la semaine dernière par l'Assemblée Nationale, 54 hectares ont été couverts en 2008, 106 hectares en 2009, 157 hectares en 2010, 140 hectares en 2011 et 200 hectares en 2012, soit un total de 657 hectares où ont été mis en terre plus de 1,8 millions de plants. "Sur 800 hectares prévus pour boucler la Ceinture verte, il reste 143 hectares à réaliser en 2013", précise le ministre.

Au moment de mise en terre des plants, généralement en août, ministères, établissements publics ou privés, organisations non- gouvernementales, associations et autres institutions se bousculent sur le site de Gaoui. Après le premier geste, beaucoup ne repartent plus entretenir les plants.

"Ce qui se fait est du folklore, parce que ce n'est pas le reboisement qui est important, mais plutôt l'entretien", note le député Néatobei Bidi Valentin. Il estime qu'il faut encourager la population à planter des arbres, mais également à les entretenir et l'impliquer dans une stratégie de gestion participative et intégrée.

"Nous ne faisons pas du folklore", répond M. Mahamat Béchir Okoromi. Selon le ministre de l'Environnement et des Ressources halieutiques, ce sont ceux (y compris les députés) qui viennent planter des arbres juste pour s'afficher à la télévision. "A quoi bon s'attribuer des parcelles lorsqu'on n'est pas en mesure de les entretenir?", ajoute-t-il.

"Certaines institutions recrutent elles-mêmes les manoeuvres qu'elles prennent en charge; d'autres ne le font pas. Nous nous occupons des parcelles abandonnées par ceux à qui la charge d'entretien revient", confie Bardoum, coordonnateur du Programme national des ceintures vertes. Ce Programme est un organe interministériel placé sous la tutelle du ministère de l'environnement qui en assure la gestion. Il finance les activités grâce aux fonds alloués par le ministère de tutelle.

Avec plus de 1.000 manoeuvres au départ, la Ceinture verte ne compte plus aujourd'hui que la moitié. Ils travaillent en rotation, de 06h30 à 18h30. "Le nombre des ouvriers varie en fonction de l'intensité du travail. Pendant la période de mise en terre, on a besoin d'une main d'oeuvre supplémentaire pour creuser des trous, déraciner les pépinières, etc.", explique M. Bardoum.

Il indique que pendant la saison sèche où quelques arbustes flétrissent et perdent leurs feuillages sous l'effet de la chaleur, la Ceinture verte de Gaoui est arrosée par des motopompes alimentées par un château d'eau. Mais pendant la saison des pluies (qui dure généralement de juin à septembre), les arbres sont arrosés par le ciel et l'on n'a pas besoin de main d'oeuvre humaine.

Selon le ministre de l'Environnement et des Ressources halieutiques, 300 à 400 nouveaux agents seront recrutés, d'ici 2013, pour une protection plus accrue de l'écosystème tchadien. En début de semaine courante, 30 véhicules et 2.500 uniformes ont été distribués aux agents des eaux et forêts, pour un travail conséquent sur le terrain.

Enfin, M. Mahamat Béchir Okoromi promet que la Ceinture verte de Gaoui, ainsi que les anciennes ceintures à l'intérieur et à l'extérieur de la capitale tchadienne (dont certains éléments datent des années 1950), seront immatriculées au service des Domaines, " ce qui leur conférera une protection contre les occupations anarchiques et les destructions abusives".

"C'est une négligence de la part du service des Domaines que seule la ceinture verte de Milezi (à l'ouest de Farcha, le quartier industriel de N'Djaména, Ndlr) soit répertoriée et immatriculée au détriment des autres existantes. Pour les forêts ne bénéficiant pas de statut domanial, le ministère a mis en place une équipe chargée de la recenser tous", conclut-il.