Soudan : la consommation d’alcool à nouveau autorisée, la charia s’efface

Afriquinfos Editeur
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Khartoum (© 2020 Afriquinfos)- L’apostasie ne sera plus passible de peine de mort et les non-musulmans pourront boire, importer et vendre de l’alcool. Les autorités de transition ont annoncé l’abolition des lois «discriminatoires» en vigueur sous Omar el-Béchir dans le cadre du processus de démocratisation du pays.

Plus d’un an après la chute de l’ex-président soudanais Omar el-Béchir, le Soudan a décidé d’autoriser la consommation d’alcool aux non-musulmans, une pratique interdite depuis 1983 dans le pays, où la législation demeure très conservatrice.

Le ministre de la Justice Nasreddine Abdelbari a annoncé samedi soir lors d’un entretien avec la chaîne de télévision publique, la suppression de l’article 126 du Code pénal traitant de l’apostasie, et qui rendait notamment la consommation d’alcool passible de la peine de mort.

Un «amendement autorise les non-musulmans à consommer de l’alcool hors de l’espace public, tant qu’ils ne causent pas de dérangement», a-t-il déclaré.

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Les autorités viennent également d’abolir la charia. Désormais au Soudan, plus personne ne sera condamné à mort pour avoir renoncé à la religion musulmane comme cela avait été le cas auparavant.

Le Conseil souverain a aussi approuvé une loi criminalisant l’excision, estimant qu’elle «porte atteinte à la dignité de la femme», a annoncé le ministère soudanais de la Justice. «La mutilation des organes génitaux de la femme est considérée comme un crime», souligne un amendement au Code pénal voté par le Gouvernement fin avril. Les personnes rendues coupables d’excision sont passibles de peines allant jusqu’à trois ans de prison en plus d’une amende, indique le texte.

 

Pour l’Unicef, l’élimination des mutilations génitales est une étape essentielle en vue de promouvoir l’égalité des droits hommes-femmes dans le pays. «Au Soudan, d’après cette organisation internationale, 38% des jeunes filles sont encore mariées de force avant l’âge de 18 ans».

Relancer l’économie via les droits humains 

Ces nouvelles réformes judiciaires s’inscrivent certes dans le processus de démocratisation du pays, mais elles servent également d’opération de séduction des bailleurs de fonds internationaux, opération lancée depuis plusieurs mois par le Gouvernement de transition dirigé par Abdallah Hamdok.

Pour mener à bien son plan de relance économique, cette nouvelle équipe gouvernementale cherche à obtenir des financements rapides et conséquents de la part des institutions multilatérales de financement qui ne prêtent plus de l’argent à Khartoum depuis plusieurs années! Non seulement à cause des arriérés du pays, mais également à cause de l’inscription du Soudan sur la liste des pays finançant le terrorisme, sous le régime de Béchir.

Les réactions des alliés traditionnels du Soudan que sont les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite sont très attendues après ces mutations juridiques au Soudan car ces deux pays alliés appliquent encore aujourd’hui une répression ferme de l’apostasie.

Innocente Nice