Sida : 3,1% de prévalence au Tchad, 1 milliard FCFA de budget annuel pour l’achat des ARV et des réactifs (PAPIER GENERAL)

Afriquinfos Editeur
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Longtemps marqué par des crises politiques aiguës, le Tchad est un pays où les barrières socioculturelles symbolisées par l'analphabétisme, la pauvreté et les conflits sociaux imposent des résistances à la lutte contre le sida, a rapporté à Xinhua à Yaoundé Mahamat Taher Adoum, responsable local du Programme d'appui à l'initiative du bassin du lac Tchad contre les IST-Vih/ Sida.

« Ce sont des goulots d'étranglement pour lesquels il faut des stratégies. Chaque région a ses spécificités et il faut des approches spécifiques pour toucher les communautés », a-t-il expliqué. Sur la prévalence nationale, les statistiques officielles se répartissent entre 2,5% chez les hommes et 4,2% chez les femmes.

Dans la tranche des 24-35 ans spécifiquement, le taux s'établit à 4,1%, soit plus élevé que la moyenne nationale. « C'est à cause du libertinage et certains jeunes ne croient pas à l'utilisation des préservatifs », fait savoir Adoum qui évoque des stratégies de prévention mises en place par les autorités dans les milieux scolaires et non scolarisés pour limiter la progression de l'épidémie.

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Quatre régions les plus touchées sont recensées. « Il y a la région du Logone, la région du Chari et la région du lac Tchad où le projet de prévention et de réduction des risques de vulnérabilité des IST-Vih/Sida (PAIBLT) intervient sont les régions qui sont largement touchées. Si je reviens aux chiffres anciens, les taux de prévalence sont entre 7, 8, voire 9% », affirme le responsable sanitaire.

Selon lui, « 32.000 personnes sont actuellement sous ARV au Tchad. Ceux qui ne sont pas sous traitement sont estimés à 14.000. Les orphelins suivis sont 72.000. Il y a des gens qui ne sont pas déclarés. C'est pourquoi on veut mettre l'accent sur ces personnes ».

Les chiffres annoncés remontent en 2005. Pour les données actualisées, une nouvelle enquête de séroprévalence vient d'être lancée et les résultats sont attendus à la fin de cette année.

Depuis 2006, une décision du président Idriss Deby Itno offre un accès gratuit aux médicaments et à tous les actes de laboratoire. « Le gouvernement met chaque année 1 milliard de francs CFA pour l'achat des ARV et des réactifs. Je crois que ces fonds couvrent largement les besoins pour le moment », laisse entendre Mahamat Taher Adoum.

Comme d'autres pays, le Tchad bénéficie des financements internationaux provenant notamment du Fonds mondial de lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose. Ainsi, dans le cadre du round 8 en cours d'exécution, une autre enveloppe est octroyée pour l'achat des ARV et des consommables pour le soutien aux personnes vivant avec le Vih/Sida.

De l'avis du point focal du PAIBLT, « le Tchad a bénéficié, outre le troisième round, du septième round et maintenant sous sommes au huitième round où nous sommes à la deuxième phase et qui est doté d'un budget global de l'ordre de 43 milliards (86 millions USD) ».

Pour les cinq prochaines années, la stratégie nationale s'est fixé l'objectif de renverser la tendance du niveau d'infection de la pandémie d'ici à 2015. Installé depuis 2007, le PAIBLT vient appuyer les actions menées par le gouvernement, précisément dans ses zones d'intervention du Logone, du Chari et du lac Tchad, constituées d'îles.

« Dans ces zones insulaires, les services de santé ne sont pas largement installés, les populations ont des difficultés à recourir aux services qui sont offerts dans les grands centres. Donc, le projet a émis des actions de mobilité pour que nous fassions le dépistage mobile avec des véhicules et des hors-bords pour aller toucher ces populations et leur accorder des facilités pour qu'elles aillent dans les structures de santé qui se trouvent dans les zones continentales », informe Mahamat Taher Adoum.

La séroprévalence y est de 5,5%. Environ 4,5 millions d'habitants sont concernés par le PAIBLT, une initiative des chefs d'Etat de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT, également composée du Cameroun, du Niger, du Nigeria et de la République centrafricaine) en 2002, avec le soutien de l'Onusida.

Financé presque entièrement par la Banque africaine de développement (BAD) pour 8,5 milliards de francs CFA (17 millions USD), ce projet prévu jusqu'en 2013 après une rallonge de deux ans, intervient au Tchad sous deux composantes sur le terrain, selon son responsable local. « Il y a la composante liée à l'appui au secteur santé et il y a l'appui au secteur communautaire ».