Le secretaire d’Etat américain John Kerry boucle sa visite de médiation entre les forces politiques égyptiennes

Afriquinfos Editeur
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"Il est clair qu'il reste beaucoup de travail et de compromis à faire avant de rétablir l'unité, la stabilité politique et la santé économique de l'Egypte", a commenté John Kerry à l'issue de sa réunion de dimanche avec le président égyptien Mohamed Morsi.

M. Kerry a rencontré samedi dix leaders politiques égyptiens et a conseillé aux membres de l'opposition de ne pas boycotter les prochaines élections parlementaires.

Lors de sa rencontre avec Amr Moussa, leader du parti Conférence et figure de proue de la coalition d'opposition FSN (Front du salut national), John Kerry a insisté sur l'importance de la stabilité et de l'unité du peuple égyptien pour créer les conditions nécessaires à son développement économique.

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Selon lui, chaque faction politique, figure de l'opposition et organisation non-gouvernementale qu'il a rencontrées est "d'une importance vitale" à la santé et à la force d'un système démocratique.

Certains leaders du FSN, dont Mohamed ElBaradei et Hamdin Sabahy, ont refusé de rencontrer John Kerry pour protester contre les tentatives américaines de faire pression sur l'opposition égyptienne afin de lui faire renoncer à son boycott des élections parlementaires.

Estimant que le régime égyptien a "perdu sa légitimité", l'ancien législateur Mohamed Abu Hamed a souligné que "la participation aux élections constituerait un soutien à un régime qui viole les lois et la constitution".

Yousry El-Azabawy, analyste politique au Centre d'Ahram pour les études politiques et stratégiques (Ahram Center for Strategic and Political Studies), considère le boycott comme une arme utile pour l'opposition, et prévoit que ses leaders ignoreront les appels de John Kerry à ne pas boycotter les élections.

Interrogé par Xinhua sur le sujet, Samir Ghattas, chef du Centre politique Maqdes (Maqdes Center for Political Studies), soutient que les forces d'opposition égyptiennes boycotteront les élections parlementaires en dépit des efforts de médiation de l'Oncle Sam, à moins que Mohamed Morsi ne forme entre-temps un nouveau gouvernement impartial pour superviser le processus électoral.

Manar El-Shorbagy, professeur de sciences politiques à l'Université américaine du Caire, considère la réunion de dimanche entre John Kerry et le ministre égyptien de la Défense Abdel-Fattah al-Sisi comme une "interférence évidente" dans les affaires intérieures du pays. John Kerry cherche sans aucun doute à s'assurer que l'armée égyptienne "reste en retrait" de toutes les forces politiques, alors que certaines voix dans les rangs des opposants s'élèvent pour demander à l'armée de se mêler de la vie politique, d'après Yousry El-Azabawy.

Le gouvernement américain considère le régime islamique comme un bon allié pour résoudre le conflit israélo-palestinien, en raison de ses bonnes relations avec le Hamas et Israel, selon Yousry El-Azabawy.

Lors de sa visite en Egypte, John Kerry a annoncé que les Etats-Unis contribueraient 250 millions de dollars américains pour aider l'Egypte.

Cet engagement financier a été pris après que "Morsi a garanti qu'il compléterait le processus du FMI", a déclaré John Kerry dans un communiqué qui réfère au prêt de 4,8 milliards de dollars que l'Egypte est en train de négocier avec le Fonds monétaire international (FMI).

Le prêt ne constitue pas une solution miracle, aux yeux de Yousry El-Azabawy, qui estime que pour sortir l'Egypte de la crise, "un dialogue national est plus important que la médiation américaine, pour le régime au pouvoir et pour les forces d'opposition".