Bande de Gaza: L’Egypte et l’ONU foncièrement contre « tout déplacement des Palestiniens de leurs territoires »

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Le Caire (© 2024 Afriquinfos)- Le Président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi et le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, en visite dimanche 24 mars au Caire, ont exprimé leur rejet total du déplacement des Palestiniens de leurs territoires et d’une éventuelle opération militaire israélienne dans la ville gazaouie de Rafah (dans l’extrême sud de l’enclave).

Lors de leur entretien au Caire, les deux dirigeants ont mis en garde contre toute opération israélienne à Rafah qui risquerait d’avoir des conséquences catastrophiques sur une situation déjà désastreuse dans la ville. C’est ce qu’a indiqué la Présidence égyptienne dans un communiqué.

Ils ont également discuté de l’intensification des efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, et à fournir une aide humanitaire suffisante aux habitants de l’enclave assiégée, a ajouté le communiqué. Le Président égyptien et le Secrétaire général de l’ONU ont appelé à créer des conditions propices à la mise en œuvre de « la solution à deux États », solution qu’ils ont décrite comme « la seule voie pour parvenir à la justice, à la sécurité et à la stabilité dans la région« . Israël a annoncé son intention de lancer une opération terrestre à grande échelle à Rafah où résident environ 1,5 million de Palestiniens déplacés. Cette décision a été largement critiquée dans la communauté internationale.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukry, M. Guterres a réitéré son appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza où Israël a mis en place un siège strict et mène des frappes massives contre le Hamas (depuis plus de cinq mois). « Il est temps d’instaurer un cessez-le-feu humanitaire immédiat« , a encore plaidé le patron de l’ONU.

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Qu’est-ce qui explique la position de l’Egypte?

« Rien ne justifie l’horrible attaque du Hamas le 7 octobre, et rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien« , a soutenu A. Guterres lors d’une conférence de presse donnée samedi 23 mars 2024, près du poste-frontière de Rafah où il a renouvelé son appel à la paix. Alors que les Gazaouis vivent une situation de grande détresse humanitaire, le monde a les yeux rivés sur le Terminal de Rafah, à la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte, seul point de sortie pour évacuer les Palestiniens vers un pays tiers. Le Caire souhaiterait faire passer de l’aide humanitaire, mais le pays n’est pas prêt à accueillir les réfugiés Gazaouis.

En octobre dernier, des centaines de Palestiniens étaient massés, dans le sud de la bande de Gaza dans l’espoir d’une ouverture du point de passage de Rafah qui leur permettrait d’échapper à la guerre entre le Hamas et Israël. Mais jusqu’à présent, le poste-frontière avec l’Égypte, l’une des seules voies de sortie de l’enclave, resté fermé. Du côté égyptien de Rafah, l’aide humanitaire et médicale, notamment celle de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) attend. Elle est bloquée dans le Sinaï égyptien, faute d’un accord entre Israël et l’Égypte. « Il reste 24 heures d’eau, d’électricité et de carburant » à Gaza et si de l’aide n’y entre pas, les médecins n’auront plus qu’à « préparer les certificats de décès« , alertait lundi 25 mars le patron régional de l’OMS, Ahmed Al-Mandhari.

Pour que le point de passage de Rafah ouvre, « il faut un processus diplomatique, un accord entre les parties », résume sur France 24 Johann Soufi, ancien chef de l’UNRWA (Bureau des affaires juridiques de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens). « Cela passe par une pression de l’ensemble de la communauté internationale, des autorités françaises, de l’Union européenne sur l’ensemble des parties pour que – a minima – il y ait un accord pour la mise en place d’un corridor humanitaire vers Gaza« .

En d’autres termes, l’Égypte ne peut pas décider seule d’ouvrir sa frontière avec Israël. D’autant que celle-ci a été bombardée à plusieurs reprises déjà, depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre. « L’Égypte ne veut pas être la seule à gérer cette situation humanitaire désastreuse. Les Egyptiens seraient prêts à participer à une opération humanitaire si nécessaire. Mais ils ne veulent ni ne peuvent le faire seuls, en raison d’une situation économique très détériorée. Ils ne sont pas capables d’assumer un choc de déploiement humanitaire conséquent pour un nombre potentiel aussi important« , a expliqué Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques).

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