Avec celle du Malien Ibrahim Boubacar Keïta (alias IBK) en août 2013, l'élection de Rajoarimampianina au terme du second tour de la présidentielle de décembre jugée transparente et crédible par la communauté internationale a été saluée solennellement par les participants au 22e sommet de l'UA ouvert officiellement jeudi matin au siège de l'institution dans la capitale éthiopienne. Selon l'intéressé, sa présence aux côtés d'une trentaine de ses pairs africains présents à ce rendez-vous a valeur de symbole. « Bien évidemment, c'est un tournant. D'abord retrouver le siège de Madagascar au sein de l'Union africaine, au sein de la SADC. C'est vraiment une victoire et un honneur pour le peuple malgache", a-t-il déclaré dans l'entretien exclusif accordé à Xinhua. Dans son allocution à l'ouverture du sommet, il a fait part d'« une émotion profonde et sincère" pour ce moment de « retour officiel de Madagascar au sein de sa famille naturelle, j'allais dire au bercail, après cinq trop longues années d'absence".
A la faveur du retour à l'ordre constitutionnel symbolisé par son élection par les électeurs malgaches, l'UA a décidé lundi de la levée de suspension imposée en 2009, suivie jeudi matin peu avant l'ouverture de la rencontre au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) lors d'un mini-sommet auquel le nouveau dirigeant prenait part.
« Le retour de Madagascar dans l'organisation ne pouvait mieux tomber ; il se tient à un moment où des instruments déterminants pour l'avenir du continent sont lancés et mis en route : entre autres, le 3e Plan stratégique 2014-2017 adopté par la Conférence de l'Union", a-t-il précisé. Et d'ajouter : « Non moins important, l'Agenda 2063 dont la feuille de l'élaboration a été lancée par la Déclaration solennelle du 50e anniversaire de l'OUA/UA. Madagascar qui adhère totalement aux programmes s'y rapportant soutiendra l'adoption du document cadre". En marge du renouveau politique et institutionnel amorcé, la Grande île de l'océan Indien affirme vouloir « d'une façon générale donner une nouvelle base et une nouvelle dynamique à sa politique internationale par le renforcement des liens de coopé ration bilatérale mais aussi au niveau de la coopération multilatérale ainsi qu'à travers les institutions régionales telles l'OCI (Organisation de l'océan Indien) ", informe Hery Rajoarimampianina. Il a appelé à la tenue, dans un délai de trois mois, d'une « conférence des bailleurs de fonds et amis de Madagascar, en partenariat avec la communauté internationale, afin de nous aider à trouver les financements indispensables pour la reconstruction de notre pays après la crise". Mais, les besoins du pays restent encore à définir, a-t-il dit à Xinhua.
En effet, ce paradis touristique de l'océan Indien mais peu valorisé a été sérieusement ébranlé dans son tissu socioéconomique à cause de la crise politique consécutive au coup de force de Rajoelina, ancien disc-jockey et ancien maire de la capitale Antananarivo de facto consacré président de la transition, appuyé par l'armée. La relance de la mécanique suppose automatiquement un consensus politique national pour que le pays s'engage résolument vers une sortie de crise durable. Ce consensus, « il faut le trouver et la bâtir", a souligné dans l'interview le nouveau chef de l'Eta élu, qui vient fraîchement d'être investi dans sa charge le 25 janvier, en présence de son rival du second tour, Jean Louis Robinson.
Cette présence illustre, a-t-il relevé dans son discours à l'UA, « des lueurs d'espoir (qui) éclairent le paysage politique malgache malgré certains esprits chagrins qui multiplient les efforts pour créer une psychose visant à perturber la sérénité dans laquelle les Malgaches ont légitimement le droit de vivre". Le présent sommet de l'UA se tient pour deux jours de rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement à Addis-Abeba sous le thème « agriculture et sécurité alimentaire". Ces deux défis font « partie de mes programmes", a annoncé Rajoarimampianina. « Il y a 80% d'agriculteurs à Madagascar. Bien évidemment, ça va être la priorité", a-t-il justifié, dans un contexte d'extrême pauvreté où environ 92% de la population malgache vit avec moins d'un dollar par jour, selon les estimations des Nations Unies qui se sont fortement impliquées dans le processus de sortie de crise marqué par la tenue de la présidentielle et des législatives de 2013.
