RDC : l’opposition divisée tandis que l’église s’active

Afriquinfos
4 Min de Lecture

Kinshasa (© 2016 Afriquinfos) –L’Eglise catholique poursuit toujours ses consultations en République démocratique du Congo.

 Les évêques ont eu l’aval de Joseph Kabila pour tenter de rapprocher les points de vue, malgré la signature d’un accord politique entre la majorité et une frange de l’opposition. Accord qui permet à Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel et qui renvoie la présidentielle prévue cette année à – au mieux – avril 2018. Depuis une dizaine de jours, la conférence épiscopale rencontre toutes les parties et tente de faire la synthèse pour éviter une crise au pays.

Pour Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation congolaise (UNC) et co-modérateur de l’opposition au dialogue national, il est temps que la mission prenne fin et qu’on applique l’accord. C’est ce qu’il annonce à la sortie d’une rencontre avec les évêques. Il fustige le Rassemblement de l’opposition, l’une des principales plateformes qui demande toujours le départ de Joseph Kabila le 19 décembre.

« Il ressort clairement que les propositions formulées par les rassemblements n’ont rien de constructif, n’ont rien de ce qui peut amener l’apaisement recherché. Fallait-il des morts le 19 et le 20 pour accepter le glissement [affrontements meurtriers lors d’une manifestation de l’opposition le 19 et 20 septembre] ? Nous, nous avons choisi de dialoguer pour éviter les morts. Nous avons un autre rendez-vous, le 19 décembre, et c’est comme ça que nous avons dit aux évêques, l’accord doit être appliqué. Nous devons éviter la distraction, la politique d’enlisement. Nous verrons de convenir avec eux parce que le délai dans l’accord pour la mise en place du gouvernement expire le dimanche. Les évêques acceptent aussi que leur mission expire le dimanche. »

- Advertisement -

Vital Kamerhe est pressenti comme futur Premier ministre puisque, selon l’accord politique, il doit être issu d’un parti d’opposition signataire. Le gouvernement est attendu pour dimanche.

Il faut poursuivre la mission

Fidèle Babala, lui, souhaite que les évêques poursuivent leur mission. Député du Mouvement de libération du Congo, il a succédé à Vital Kamerhe et sa délégation auprès des évêques. Sa plateforme, c’est le Front pour le respect de la Constitution. Il n’est pas signataire de l’accord, ni aligné sur les positions du rassemblement.

 « Moi, je crois que les bons offices amenés par l’Eglise catholique vont dans la bonne direction puisqu’il est clair que, avant le 19 décembre, nous n’aurons pas d’élections. Et l’attente de la population, c’est d’avoir une alternance démocratique. Je souhaiterais que l’Eglise puisse continuer son travail malgré la position prise par monsieur Kamerhe, ça l’engage. Mais nous pensons que cette mission vaut la peine d’être poursuivie. »

Il ajoute : « Il est évident que les résolutions qui sont ici de la cité de l’OUA [Organisation de l’unité africaine] ne règlent pas le problème. Autrement, je crois qu’on ne ferait pas appel aux bons offices de l’Eglise catholique pour essayer d’avoir une plus grande inclusivité. Nous, nous n’avons jamais participé à de telles discussions. Nous donnons un point de vue à la Cenco [Commission épiscopale nationale du Congo] qui elle, l’intériorise et qui essaye de rapprocher les points de vue des uns et des autres. »

Le Front pour le respect de la Constitution souhaite le départ de Joseph Kabila le 19 décembre et le respect de l’ordre constitutionnel.

Vignikpo Akpéné