RDC: la Belgique durcit irrémédiablement le ton

Afriquinfos
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Bruxelles (© 2016 Afriquinfos) –  La durée des visas accordés aux responsables de la République démocratique du Congo (RDC) porteurs de passeports diplomatiques sera désormais limiter à 6 mois maximum. Cette décision prise par la Belgique fait suite à l‘évolution de la situation politique dans son ancienne colonie.

Le mandat du président Joseph Kabila arrive à son terme le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter. Mais le chef de l’État n’affirme aucune volonté de quitter son poste alors que le scrutin présidentiel apparaît désormais impossible à organiser dans les temps constitutionnels.

Le chef de la diplomatie belge Didier Reynders explique vouloir savoir «dans quel contexte, dans quel cadre, on se trouvera» après le 20 décembre. «Nous serons en tout cas dans une autre logique, et c’est pour cela que j’ai limité à six mois les visas que nous allons octroyer», a-t-il défendu. La mesure, décidée mardi dernier, «concerne les porteurs de passeports diplomatiques» (membres du Gouvernement, diplomates…), qui avaient jusqu’ici une durée maximale d’un an, a précisé à l’AFP un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Royaume belge. Elle ne vise pas l’ensemble de la population congolaise.

M. Reynders demande par ailleurs des clarifications sur le calendrier des prochaines élections, alors que la Commission électorale de la RDC (Céni) projette d’organiser la présidentielle fin 2018, arguant des contraintes logistiques pour justifier ce report. «Le délai de 500 jours proposé par la Commission électorale n’a pas de sens. Si on retarde à ce point les prochaines élections, on aboutit à un troisième mandat de fait», analyse M. Reynders.

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«D’ici le 19 décembre, il faudra savoir avec clarté qui gère le pays et donc faire redémarrer le dialogue en y associant des personnalités importantes comme Moïse Katumbi ou Etienne Tshisekedi», ajoute-t-il, citant deux des opposants les plus virulents à Joseph Kabila, qui réclament un «vrai dialogue inclusif» pour remplacer le «dialogue national» convoqué par le président de la RDC.

«Même s’il est certain que des élections ne pourront être organisées avant le 19 décembre, il faut gérer la période intermédiaire, fixer un nouveau calendrier, savoir qui gérera le pays», commente le chef de la diplomatie belge.

«Les manifestations et les violences des 19 et 20 septembre derniers (qui ont fait au moins 53 morts, dont quatre policiers, selon l’ONU) ont changé la donne. Le bilan de la répression semble beaucoup plus lourd que ce qu’on en dit, il y a eu un usage disproportionné de la force», a également déploré M. Reynders, en plaidant pour une «enquête de l’ONU».

V. AKPENE