Presse endeuillée et agressée en août 2012 en Afrique

Afriquinfos Editeur
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                                                          Un jeune journaliste de 23 ans assassiné à Mogadiscio

 « Reporters sans frontières » est bouleversée par l'assassinat le 12 août 2012, à Mogadiscio, Mohamud Ali Keyre "Buneyste". C’est le huitième professionnel de l'information tué depuis le début de l'année en Somalie, pays ravagé par une guerre interminable depuis 1991.  Mohamud Ali Keyre a été touché d'une balle dans la tête dans la soirée du 12 août. Selon des témoins et certains de ses confrères, le coup de feu aurait été tiré par un soldat gouvernemental. Le journaliste a été conduit à l'hôpital Madina de Mogadiscio où les médecins ont constaté son décès.

« A ce rythme, 2012 pourrait devenir, pour les hommes des médias, l'année la plus meurtrière de la dernière décennie en Somalie. Le pays a déjà atteint le bilan terrible de 2007 (huit tués), et s'approche du record de 2009 (neuf tués) », s’alarme Rsf.

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 Agé de 23 ans, Mohamud Ali Keyre était journaliste freelance et contribuait au site d'informations « www.horyaalmedia.com ».Il avait travaillé dans le passé pour la station « Voice of Democracy », basée à Mogadiscio, mais avait ensuite fui pour le Kenya, suite à des menaces de mort. Estimant que la situation sécuritaire s'était améliorée dans la capitale somalienne, ce journaliste était récemment revenu dans son pays.

 Par ailleurs, toujours à Mogadiscio et au cours de la même journée du 12 août, un employé du ministère de l'Information, des Postes et des Télécommunications du gouvernement fédéral de transition, Yusuf Ali Osman, a été abattu par balles dans le quartier de Dharkenley. Connu également sous le nom de Yusuf "Farey", cet ancien journaliste, qui avait été directeur de « Radio Mogadiscio », était désormais en charge des relations avec les médias pour ce ministère.

                                                                      La journaliste zimbabwéenne Heidi Holland retrouvée pendue

 La journaliste et écrivaine zimbabwéenne Heidi Holland, auteure de l'ouvrage « Dinner with Mugabe », a été retrouvée morte à son domicile de Melville, en banlieue de Johannesburg, en Afrique du Sud, le 11 août 2012, dans la matinée.

Une enquête a immédiatement été ouverte. « Nous plaçons tous nos espoirs dans la police sud-africaine pour faire la lumière sur ce drame et déterminer si Heidi Holland s'est suicidée ou a été assassinée (…) Selon la porte-parole de la police, le lieutenant colonel Katlego Mogale, Heidi Holland a été retrouvée pendue dans son jardin et rien ne lui a été dérobé. C'est son jardinier qui a découvert le corps et a prévenu les autorités », a communiqué Reporters sans frontières.

 Heidi Holland, 64 ans, avait également publié « 100 years of struggle : Mandela's ANC » (« 100 ans de combat : l'ANC de Mandela »), sur le Congrès national africain, le parti au pouvoir en Afrique du Sud. Journaliste freelance, elle collaborait à plusieurs journaux et écrivait périodiquement dans « The Star ». « Dinner with Mugabe », publié en 2008, est un livre basé sur les interviews que la journaliste a menées pendant plus de trente ans avec le chef de l'Etat zimbabwéen et son entourage. L'ouvrage retrace l'accession au pouvoir de Robert Mugabe et la transformation du héros de l'indépendance en dirigeant autoritaire.

                                                               Sierra Leone: journalistes malmenés par des soldats

 Poindexter Sama et Alie Turay respectivement reporter et dessinateur d’arts graphiques du journal privé« Awoko »ont été violemment agressés dans la matinée du 2 août 2012 par des éléments de l’armée sierra-léonaise. Le correspondant de la Mfwa (Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest) rapporte que ces journalistes ont été agressés lorsqu’ils essayaient de photographier instantanément des soldats qui passaient devant leur rédaction.

Suite à cette agression, Sama a eu la figure enflée et des lèvres cloquées. Les deux journalistes ont également été privés de leurs téléphones portables.D’après Mfwa, ces journalistes ont expliqué qu’ils avaient l’impression que les soldats se précipitaient sur la scène d’une émeute au ministère de la Défense, apparemment pour maîtriser la situation. La Mfwa est peinée par des telles tracasseries perpétrées contre des journalistes et demande aux autorités de veiller à la protection des journalistes, surtout pendant la période qui précède les élections sierra-léonaises de novembre 2012.

                                                                                      Côte d’Ivoire : une suspension

Le Cnp (Conseil national de la presse), l’organe de régulation, a suspendu Simplice Allard, le rédacteur en chef du journal « Le Temps », une publication privée pro-Gbagbo, le 3 août 2012, d’écrire pour une période d’un mois.Ce rédacteur a été accusé de « calomnie et diffamation » à l’encontre des actuelles autorités ivoiriennes.

                                                                                                           Afriquinfos