RDC : Le Premier ministre Matata Ponyo face aux grands défis économique et social (ANALYSE)

Afriquinfos Editeur
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En nommant cet ancien fonctionnaire de la Banque centrale du Congo et ancien ministre des Finances au poste de Premier ministre, le président congolais Joseph Kabila veut donner une nouvelle impulsion à son nouveau quinquennat, et surtout montré à l'opinion qu'il entend démarrer la grande bataille de changement des mentalités.

En effet, Augustin Matata Ponyo prend le gouvernail d'un pays dont tous les indicateurs sont au rouge. Sur le plan politique, la situation politique quoique calme en générale reste néanmoins marquée par la recrudescence de violences et l'insécurité dans la partie est de la République démocratique du Congo ; insécurité provoquée encore et toujours par des groupes armés qui sèment la terreur et la mort dans cette partie de la République démocratique du Congo.

Le nouveau gouvernement qui sera piloté par Augustin Matata Ponyo aura donc la lourde charge de chercher des voies et moyens pour restaurer la paix et la stabilité dans l'est de la République démocratique du Congo. Dans cette démarche, le Premier ministre devra prendre des mesures parfois impopulaires en interdisant ; mieux en privant les chefs de guerre du reste nombreux dans l'est du pays, mais aussi certains officiers des Forces armées de la RDC (FARDC) l'exploitation des minerais d'or, des diamants, et d' autres minerais dans l'est de la République démocratique du Congo. Car selon des sources proches de la société civiles congolais, le trafic illégal des minerais alimente les conflits dans l'est de la République démocratique du Congo et favorise le trafic d'armes et de minutions dans toute la région des Grands lacs africains.

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Pour relever ce défi sécuritaire, Augustin Matata Ponyo aura, à coup sûr besoin des partenaires de la RD Congo, en l'occurrence la Monusco, les Etats-Unis (dans la lutte contre les rebelles ougandaises de la LRA dans la Province Orientale) et l'Union européenne. Il est vrai que la mesure d'interdiction des zones minières aux groupes armés et à certains militaires et officiers de FARDC va provoqué de la résistance. Et M. Matata Ponyo devra avoir des nerfs solides pour résister à toutes les pressions qu'il va subir. La lutte contre la corruption L'autre grande bataille qui attend le nouveau Premier ministre congolais ; et non de moindre, c'est celle de l'assainissement de l'environnement économique. A cet effet, Le Premier ministre congolais doit s'investir dans la lutte contre la corruption et l' impunité et la concussion, trois fléaux qui gangrènent la société congolaise à tous les niveaux, un peu à la manière d'un cancer. Les Congolais attendent que le nouveau Premier ministre prenne des sanctions sévères contre tous ceux qui, de près ou de loin, se livrent à cette pratique odieuse ( la corruption) qui détruit le tissus économique du pays et prive le trésor public d'importantes ressources financières.

Là également la bataille s'avère rude au regard de l'ampleur qui a pris la pratique de la corruption et des pillages des richesses du Congo. M. Augustin Matata Ponyo sait bien que l' attention des milliers de Congolais est focalisée sur son action. Il n'y a donc pas de temps à perdre. Le nouveau Premier ministre doit d'abord aller à l'essentiel, c'est-à-dire remettre le pays au travail en luttant contre la corruption sous toutes ses formes et en cherchant à atténuer les effets dévastateurs que la corruption provoque dans l'environnement congolais. La réussite de cette entreprise passe nécessairement par des sanctions sévères à l' encontre de tous ceux qui se pratiquent et vivent de la corruption.

La tension sociale

Le Premier ministre Matata Ponyo arrive à la tête du gouvernement congolais au moment où la sitaution sociale des Congolais se dégrade chaque jour. Les indicateurs sociaux sont au rouges. Les médecins, les enseignants, les fonctionnaires de l' Etat sont en grève et demandent tous l'amélioration de la situation sociale et l'augmentation des salaires. Dans beaucoup de familles, les enfants ne peuvent pas aller à l'école parce que les parents n'ont pas d'argent, la majorité des Congolais ne mangent pas à leu faim et ne bénéficient pas des soins de santé primaire. La misère et la pauvreté, aux quelles il faut ajouter la famille contribue à l'émergence des maladies diverses telles que le choléra, le paludisme, la fièvre jaune, la tuberculose, le VHI Sida et d'autres maladies de mains sales. Aujourd'hui, la République démocratique du Congo a un taux de mortalité infantile parmi le plus élevé du monde.

Sur ce terrain social, les défis à relever sont énormes pour M. Augustin Matata Ponyo. Car, de lui, la population n'attend pas de discours. Mais elle veut manger à sa faim, envoyer les enfants à l' école, avoir accès aux soins de santé, elle désire un enseignement de qualité et enfin bénéficier de l'appui de l'autorité congolais pour relancer le secteur privé abandonné à son triste sort.

Restaurer l'espoir

A la lumière de ces défis, force est de constater que M Augustin Matata Ponyo aura fort à faire. Car c'est toute la machine économique et sociale du pays qu'il doit repenser et remettre en marche pour restaurer la confiance des Congolais et aussi améliorer le climat des affaires en République démocratique du Congo. Pour réussir ce pari, le nouveau locataire de la Primature congolais doit se donner une certaine discipline budgétaire. Son gouvernement devrait augmenter le budget alloué aux secteurs clés du développement à savoir la santé, l'éducation, l'agriculture et la protection sociale et la protection de l' environnement.

Enfin, M. Matata Ponyo doit former un gouvernement des technocrates dont la mission première devra être de reconstruire les tissus économique et social durement touché. Ce gouvernement doit être composé des hommes soucieux de valeurs collectives et du progrès social. C'est seulement à cette seule condition que le gouvernement Matata Ponyo pourrait restaurer l'espoir chez les Congolais qui ont perdu toute confiance aux hommes politiques congolais.