Praemium Imperiale : Le sud-africain Athol Fugard et la fondation Zinsou au Bénin « Nobel des arts »

Afriquinfos Editeur
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Le Praemium Imperiale est considéré comme l’équivalent du prix Nobel dans le domaine artistique. Il s’agit d’une des plus grandes consécrations dans ce milieu. Il est attribué chaque année par la Japan Art Association. Il récompense cinq artistes dans différents domaines (peinture, sculpture, architecture, musique et théâtre/film) et accorde une subvention à un jeune artiste en devenir. Cette année, les lauréats sont : Martial Raysse pour la peinture; Giuseppe Penone pour la sculpture ; Steven Holl pour l’archiecture ; Arvo Pärt pour la musique ; Athol Fugard pour le théâtre et les films ; et, la Fondation Zinsou pour la subvention pour jeunes artistes.

– Martial Raysse, Praemium Imperiale Peinture 2014 –

Martial Raysse a aujourd’hui 78 ans, et il vient d’obtenir l’une des plus grandes récompenses artistiques internationales pour son œuvre, dont une partie est exposée jusqu’au 22 septembre au Centre Pompidou-Paris. Il est né dans le sud de la France, à Vallauris, au sein d’une famille d’artisans céramistes. Dès l’âge de douze ans, il commence à écrire des poèmes et à peindre. Il débute sa carrière sur la Côte d’Azur, où il devient rapidement célèbre. Au début des années 60, il part aux Etats-Unis, et se rapproche du Pop Art, intégrant pleinement le mouvement des Nouveaux réalistes. Durant cette période Pop, il impressionne par sa technique, dont l’originalité est remarquable : il intègre des néons à l’intérieur même de ses peintures. Quelques années plus tard, il se fait remarquer en détournant plusieurs tableaux célèbres, notamment d’Ingres. Depuis les années 2000, Martial Raysse s’essaie à d’autres types d’art : il a fait des vitraux et s’est lancé dans plusieurs travaux d’architecture, comme la construction de fontaines à Nîmes ou la réalisation d’une façade de néons pour un cinéma parisien. Sa renommée internationale est telle, que plusieurs rétrospectives ont déjà été faites sur son œuvre, dont une en Chine en 2000.

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– Giuseppe Penone, Praemium Imperiale Sculpture 2014 –

Giuseppe Penone fait aujourd’hui la fierté des italiens, et c’est avec orgueil que de nombreux journaux en parlent. Né en 1947 dans le Piémont, il est connu pour utiliser des matériaux naturels afin d’exprimer sa vision de la réalité et, sa relation avec la nature. Souvent, ses œuvres parlent avant tout de lui : il effectue un travail d’introspection au moment de trouver son inspiration. Le sculpteur a expliqué aux médias italiens rechercher la surprise lorsqu’il travaille un matériel. Avant même de surprendre son public, il s’étonne lui-même. Giuseppe Penone n’est pas spécialisé dans un type de sculpture particulier. Il multiplie les matériaux (marbre, bois, etc) et les résultats, tout en gardant en tête un certain nombre de motivations (surprise, introspection).

– Steven Holl, Praemium Imperiale Architecture 2014 –

 Steven Holl est un architecte américain. Né en 1947, ses œuvres les plus connues sont le musée d’art contemporain de Kiasma à Helsinki et le bâtiment Simmons Hall au MIT à Cambridge. Professeur à l’université de Columbia depuis 1981, il a reçu de nombreuses récompenses pour son œuvre, parmi lesquelles on retiendra : la médaille Alvar Aalto en 1998 ; meilleur architecte américain désigné par le Times en 2001 ; la Grande Médaille d’Or de l’Académie française d’Architecture en 2001 ; le Smithsonian Institute’s Cooper Hewitt National Design Award in Architecture en 2002 ; l'Honorary Fellow of the Royal Institute of British Architects en 2003.

– Arvo Pärt, Praemium Imperiale Musique 2014 –

Arvo Pärt est un compositeur estonien de musique moderne. Dès son plus jeune âge (sept ou huit ans), il apprend le piano, un instrument qui deviendra plus tard celui qu’il préfère. Il joue aussi du hautbois et des percussions, et a pratiqué le chant à plusieurs reprises dans sa vie. Alors qu’il avait une quinzaine d’année, il passe des improvisations spontanées au clavier, à des compositions plus formelles qu’il commence à noter. A 17 ans, il se présente à un premier concours avec Melodia qui, bien que remarquée, ne lui permis pas de gagner un prix. Il intègre ensuite l’école secondaire de musique de Tallinn (Estonie) puis le conservatoire. Au début de sa carrière de compositeur, il privilégie le sérialisme. Toutefois, cela lui vaudra des difficultés et la censure d’une œuvre. Il évolue alors vers d’autres dimensions, pour atteindre celle qui le caractérise : le style tintinnabuli. Dès lors, il travaille avec peu d’éléments, se limitant souvent à une ou deux voix. Il explique qu’il recherche des tonalités spécifiques, l’accord parfait. Enfin, et c’est sa dernière caractéristique, ses compositions sont souvent d’inspiration religieuse, lui-même étant chrétien orthodoxe.

– Athol Fugard, Praemium Imperiale Théâtre/Film 2014 –

Athol Fugard est né en Afrique Du Sud. C’est un homme de la scène. Au cours de sa carrière, il a touché à tout passant de acteur à directeur de théâtre, de metteur en scène à dramaturge, de réalisateur à pédagogue, d’écrivain à scénariste ou encore producteur.

Au théâtre, il est principalement connu pour son travail d’auteur et de metteur en scène. Il y exerce rarement en tant qu’acteur. A travers ses pièces, il dénonce l’apartheid qui sévit en Afrique du Sud. Sa trilogie Statements co-écrite avec John Kani et Winston Ntshona, se produit à New York, Londres et Paris. C’est l’une de ses principales œuvres anti-apartheid. Cette œuvre d’opposition au régime a couté cher à ces trois hommes : Athol Fugard s’est fait confisqué son passeport tandis que ses deux collègues ont été emprisonnés.

Si le théâtre est son domaine de prédilection, Athol Fugard s’est essayé à d’autres formes artistiques. Il a publié un roman, Tsotsi, qui a été adapté au cinéma en 2005. Il a aussi une activité d’acteur, réalisateur et scénariste au cinéma et à la télévision. Même si elle reste occasionnelle, sa filmographie est déjà impressionnante.

– La Fondation Zinsou, bénéficiaire de la subvention pour jeunes artistes Praemium Imperiale 2014 –

La fondation Zinsou a été fondée en 2005 au Bénin. Située à Cotonou, il ne s’agit pas d’un simple lieu d’exposition. La fondation a aussi des missions pédagogiques et sociales, qui vont au-delà de son travail artistique et culturel. Grâce à sa gratuité, elle essaie de toucher le public africain le plus largement possible. Pour cela, elle a des partenariats avec près de 300 écoles, ce qui lui permet de faire découvrir l’art aux enfants dès leur plus jeune âge. Dans un pays de 10 millions d’habitants, elle a déjà accompli quelques exploits : depuis un peu moins de 10 ans, plus de 4,6 millions de visiteurs y sont venus.

La fondation Zinsou est une initiative familiale, indépendante des aides de l’Etat. Son importance culturelle au Bénin est significative : outre les expositions d’artistes nationaux et internationaux qu’elle effectue, elle dispose de six mini-bibliothèques et propose des cours de peinture et de sculpture. L’aide que lui a octroyé le Japon s’élève à 5 millions de yen (36.000€). Elle permettra à la fondation de financer la prochaine édition de la biennale « Dansons maintenant ! », un festival de danse contemporaine qui existe depuis 2011.

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