Niger: Hama Amadou livre sa lecture du putsch du 26 juillet et projette un retour triomphal

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(FILES) This file photo taken on November 06, 2013 shows Hama Amadou (C), then head of Nigers' parliament posing outside the Parliament House in Niamey, Niger. A Niger court on January 11, 2016 denied bail to Hama Amadou, a leading opposition figure and contender in next month's presidential election who has been jailed for his alleged role in a baby trafficking scandal. An appeals court upheld the decision of another court in late December that the former premier and parliament speaker, arrested on November 14 upon his return from exile in France, should not be granted conditional release. Amadou denies the allegations and has denounced the legal process against him as a ploy keep him sidelined from the elections. He left Niger in August 2014 to escape the charges but returned last November, when he was immediately arrested and sent to prison in Filingue, northeast of the capital. / AFP / ISSOUF SANOGO

Paris (© 2023 Afriquinfos) L’ancien premier ministre nigérien Hama Amadou s’est exprimé ce samedi 2 septembre 2023 sur la situation qui prévaut dans son pays depuis le 26 juillet 2023. Dénonçant  la position ‘’excessive’’, et les sanctions ‘’extrêmement méchantes’’ de la communauté ouest-africaine contre les Nigériens, l’ancien président de l’assemblée nationale du Niger, s’est également exprimé sur l’attitude de la France et la menace militaire.

D’après, Hama Amadou l’approche pacifique d’Alger est la meilleure à ce jour et c’est celle qu’aurait dû opter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), selon lui.

Il estime qu’’’on ne peut pas faire la guerre à un pays sous prétexte qu’il doit obligatoirement pratiquer la démocratie. Ce qu’attend un peuple, c’est la bonne gouvernance’’.

Pour lui, la France ‘’est en train de commettre une grosse erreur’’ en tentant une approche ‘’rigide et belliciste’’. Il estime que ce dont le Niger a besoin, c’est une nouvelle Constitution qui garantit alternance et contre-pouvoirs.

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’La France a signé des accords avec l’Etat du Niger pas avec un régime’’ et elle n’a donc pas le droit de se ‘’mêler des affaires intérieures d’un pays, même au nom de la démocratie’’.

Et si elle décide de s’en mêler, ‘’elle aura chaque année à organiser des bataillons pour aller remette la démocratie dans un pays d’Afrique’’ a-t-il souligné rappelant ‘’qu’aujourd’hui, on n’a pas fini avec le problème du Niger voilà que surgit celui du Gabon, donc s’il faut faire la guerre au Niger tout naturellement tout le monde s’attendra à ce qu’on fasse la guerre au Gabon’’.

Le principe de base au niveau international pour M. Hama Amadou, ‘’c’est la souveraineté des pays et cette souveraineté appartient au peuple de ce pays, donc s’ils n’ont rien trouvé à dire par rapport à l’événement qui concerne leur vie politique et sociale, les autres doivent apprendre à s’en accommoder mais pas venir leur faire la guerre au nom d’un principe car le Niger, en faisant son coup d’Etat, n’a créé de dommage à aucun pays’’.

Pour la France dont les intérêts sont en jeu, ‘’elle peut entretenir des rapports qui vont préserver ses intérêts avec le Niger en s’inscrivant dans le respect de la souveraineté avec le nouveau gouvernement, qu’il soit dirigeant civile démocratiquement élu ou militaire pour rediscuter des modalités de la présence de la France sur le territoire’’ a proposé l’ancien chef du gouvernement.

Par ailleurs, affirme-t-il, ‘’si les nouvelles autorités demandent à l’ambassadeur de venir parler avec eux et que celui-ci dit qu’il ne les reconnaît pas, sa présence ne sert donc à rien au Niger’’ a indiqué Hama Amadou pour qui, ‘’c’est une erreur de la France de dire à son ambassadeur de ne pas aller répondre à la demande qui a été faite par les militaires pour discuter avec M. Itte’’.

Prêt pour un retour au pays

L’ancien chef du gouvernement a en outre tenu à appeler tous les nigériens à ne pas céder au piège de la provocation en attaquant des ambassades où des militaires français parce qu’en agissant ainsi, cela donnera ‘’l’occasion à ceux qui veulent la guerre de justifier, et de légitimer leur intervention militaire’’.

Il se dit aussi prêt à rentrer au Niger. Pour lui, avec le coup d’État, ‘’la situation (à Niamey) a évolué dans un sens qui donne de meilleures perspectives à l’opposition’’.

A la question de savoir s’il  pouvait diriger une transition, l’opposant aux présidents Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum, a répondu ‘’non’’, tout en précisant que ce n’est pas son rôle. S’agissant  de la détention à la présidence de Mohamed Bazoum, Hama Amadou rappelle qu’il a lui aussi connu les geôles de la prison. Quant au risque de voir les militaires durer au pouvoir, Hama Amadou répond ‘’que cela n’a d’importance que par rapport à ce qu’ils entendent faire’’.

Hama Amadou tenait ces propos lors d’une interview accordée à un média international depuis la France, où il se trouve depuis 2021 pour des raisons de santé.

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