Ouverture à Niamey d’un colloque international sur l’urbanisme en Afrique

Afriquinfos Editeur
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Dans le discours qu'il a prononcé a cette occasion, Issoufou Mahamadou a estimé que le débat sur l'urbanisme renvoie presque toujours à des choix.

"Faut-il créer un nouveau paysage ou réaliser une opération immobilière rentable ? Faut-il privilégier la réalisation de logements sociaux ou un habitat de haut standing ? Comment gérer les urbanisations informelles et comment ordonner les villes ? Comment organiser les transports collectifs ? Comment résoudre les problèmes que pose l'assainissement des villes ? Comment réhabiliter les anciens quartiers ou les monuments historiques ? Comment sauvegarder les ensembles urbains patrimoniaux. Comment lutter contre l'étalement urbain et comment organiser les liaisons entre les pôles d'emploi et d'habitat ?", s'est-il interrogé.

Face à toutes ces questions complexes, le président nigérien a affirmé que des analyses stratégiques doivent nécessairement être menées tout en mettant l'accent sur les réflexions prospectives.

"Alors que la population urbaine mondiale a atteint 51% environ en 2010, celle de l'Afrique est environ 40% et atteindra 50% en 2030 et une telle croissance traduit aisément la dynamique du phénomène urbain en Afrique et exige des réflexions approfondies aux plan spatial, économique, environnement et politique", a-t-il ajouté.

Pour ce qui est de l'urbanisation au Niger, M. Mahamadou a indiqué que son pays a opté pour une approche globale à la fois politique, économique, sociale, culturelle et environnement.

"Par exemple, son option de réaliser des logements sociaux n'exclut pas la sauvegarde de notre patrimoine comme le prouve la démarche en cours d'inscrire la vieille ville d'Agadez, célèbre depuis le 16è siècle pour son architecture, au patrimoine mondial de l'UNESCO", a-t-il expliqué.

Issoufou Mahamadou a par ailleurs indiqué que l'approche choisie par son pays implique tous les acteurs, c'est-à-dire l'Etat central, les collectives locales, le secteur privé et les populations.

C'est donc avec l'ensemble de ces acteurs, a-t-il précisé, qu'il envisage un important programme d'aménagement et de modernisation des principales agglomérations en général et de la capitale Niamey en particulier.

Le chef de l'Etat a lancé récemment le programme "Niamey Nyala'', c'est-à-dire "Niamey la coquette'', afin que la capitale du Niger reflète mieux l'identité nigérienne et la personnalité du pays.

"Un programme ambitieux qui contribuera naturellement à la relance de notre économie et créera des milliers d'emplois notamment pour les jeunes", a-t-il espéré.

Intervenant à son tour, le ministre nigérien de l'Urbanisme, du logement et de l'assainissement, Moussa Bako Abdoulkarim, a pour sa part, noté que le faible niveau de vie des populations et les situations économiques qui restreignent les moyens d'intervention des pouvoirs publics doivent interpeller dans les politiques de programmation et de gestion des villes.

Il a rappelé que la Stratégie nationale de développement urbain (SNDU) adopté en 2004 vise à promouvoir un meilleur réseau des relations villes-campagnes, assurer une meilleure gestion urbaine et foncière, renforcer le niveau d'équipement des centres urbains et promouvoir une meilleure intégration socio-économique des groupes pauvres.

Tout en reconnaissant qu'en plus du déséquilibre spatial et organisationnel, les villes africaines connaissent une croissance accélérée et souvent anarchique, M. Bako a estime que le choix du thème du colloque vient à point nommé, car il nous offre l'opportunité de faire une analyse objective des réalités de l'urbanisation dans les villes d'Afrique noire de façon rétrospective et il exhorte à faire une ouverture sur la vision future.