Un marabout condamné par la justice burkinabée

Afriquinfos Editeur
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Le marabout Moumini Nacanabo est passé en jugement mercredi dernier au Tribunal de Grande Instance de Ouahigouya. Cette affaire est la conséquence d’un désaccord entre les membres d’une famille sunnite au sujet du mariage d’une fille de 17 ans. Le marabout Moumini Nacanabo s’était invité dans l’affaire comme intermédiaire et avait tenté de chercher un terrain d’entente. Le tuteur de la jeune fille, détenteur de l’autorité parentale, a préféré user de ses droits légaux et a fait appel à la justice pour résoudre le problème. Vexé par le refus du substitut du procureur Adama Ouédraogo d’entendre une autre version des faits, Mounini Nacabano a profité de son temps d’antenne sur une radio locale pour fustiger le comportement du magistrat et maudire le tuteur de la jeune fille sans manquer d’attaquer la communauté sunnite.

Suite à ces injures publiques, le marabout de You a été placé sous mandat de dépôt le 14 juin dernier et libéré de force par des manifestants le 25 juin. Son procès s’est finalement tenu mercredi dernier. Le procureur a expliqué que le procès se limitait aux injures proférées contre Adama Ouédraogo. Moumini Nacanabo, invité à se prononcer sur les dires du procureur et les faits qui lui sont reprochés, a seulement demandé pardon. Il dit ne pas avoir mesuré l’ampleur de ses propos. Le procureur, expliquant que le pardon, bien qu’accepté, n’annulait en rien la procédure judiciaire, a condamné le marabout à une amende de 100.000 francs CFA assortie de sa relaxe.

Les manifestants, révoltés de la condamnation de leur guide, se sont échauffés : certains ont menacé de brûler la mosquée sunnite de la ville pendant que d’autres se rendaient chez le roi du Yatenga, qui avait invité le gouvernement à mater ceux qui avaient manifesté en faveur de la libération du marabout. Les manifestants y ont donc arraché la plaque indiquant le palais royal et forcé le grillage entourant la cour. Le pamphlet du marabout a donc presque provoqué un conflit entre confréries musulmanes. Ce n’est pas la première fois qu’une radio locale à Ouahigouya est l’objet de ce type de dérives. Des fonctionnaires dans les villages ont été attaqués et chassés à cause de propos tenus dans certaines émissions.

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