Mali: la CPI sanctionne Al Mahdi pour destruction de mausolées, mais muette sur ses autres crimes !

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La Haye (© 2016 Afriquinfos) – La Cour pénale internationale (CPI) a reconnu le mardi 27 septembre dernier lors d’un verdict historique, un jihadiste malien coupable de la destruction de mausolées classés au patrimoine mondial de l’humanité à Tombouctou, au Mali. Rien par contre pour les autres crimes qu’il a commis.

Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été condamné à neuf ans de prison par les juges de la Cour pénale internationale qui l’ont condamné à l’unanimité. «Considérant notamment sa participation directe à de nombreux incidents et son rôle en tant que porte-parole pour les médias», les juges ont estimé que l’accusé « est coupable », a affirmé le juge Raul Pangalangan.

Une sentence qui entre en conformité avec celle requise par le procureur lors de la dernière audience. Tout au long du procès, l’accusé a exprimé son repenti. Une attitude qui a poussé le procureur à demander une peine allant de neuf à onze ans de prison. Ahmad Faqi Al Mahdi avait alors annoncé qu’il ne ferait pas appel si la peine prononcée par le juge entrait dans cet intervalle.

Sanction pour les mausolées, mutisme sur les autres crimes

Cette position de la CPI à l’égard de ce criminel se voulait historique au regard de l’infraction qu’elle sanctionnait. Une grande première au vu de la menace djihadiste qui plane sur l’Afrique sub-saharienne ces dix dernières années. Toutefois, la CPI a semblé dans cette décision fermer les yeux sur les autres graves infractions commises par cet adepte du jihad aux chevets bouclés ! Une posture judiciaire qui ne devrait pas contenter les dizaines de victimes de l’islamisme au Mali et en Afrique, d’autant plus qu’au Mali qu’ailleurs, les plaies sont toujours béantes sur la question jihadiste, même si l’accusé s’est fendu d’un aveu durant son procès. Ce quasi mutisme de la CPI dans le prononcé de son verdict sur les autres crimes dont s’est rendu coupable Al Mahdi ne devrait en outre, aucunement, émouvoir les autres jihadistes toujours à l’œuvre impunément dans le Sahel. Une donne qui témoigne de l’immensité du chantier qui attend la CPI au sujet des graves crimes à l’œuvre dans l’immense Sahel.

Des crimes, un parcours

Ahmad Faqi Al Mahdi comparaissait devant la justice internationale pour avoir planifié la destruction des mausolées dans la ville de Tombouctou en juin et juillet 2012. Selon l’accusation, il a fourni de la logistique et de la nourriture aux djihadistes. Des accusations qu’il avait reconnues et pour lesquelles il a sollicité «le pardon des Maliens, en particulier ceux résidant dans la ville des 333 saints».

Aucune circonstance aggravante n’a été retenue contre Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Plusieurs circonstances atténuantes ont été prises en compte par la chambre, notamment la réticence initiale d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi à commettre ces attaques. L’accusé avait demandé pardon à son peuple, assurant être «plein de remords et de regrets», et disant avoir été à l’époque «sous l’emprise» de groupes jihadistes, et a appelé les musulmans du monde entier à résister «à ce genre d’actions».

 

Bella EDITH