Les Malgaches votaient vendredi pour sortir de près de 5 ans de crise politique

Afriquinfos Editeur
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Les électeurs malgaches estimés à plus de 7,8 millions d'inscrits se rendaient massivement aux urnes vendredi pour élire leur futur président pour les cinq années à venir lors d'un scrutin par lequel ils espèrent mettre un terme à près de cinq ans de crise politique engendrée par le coup d'Etat d'Andry Rajoelina de janvier 2009 contre Marc Ravalomanana.

Ouverts pour la plupart à l'heure prévue de 6h00 locales (3h GMT), les 20.001 bureaux de vote créés par la Commission nationale électorale indépendante pour la transition (CENI-T) présidée par la magistrate Béatrice Atallah n'arrêtaient pas de recevoir des longs rangs de votants à quelques heures de la clôture des opérations de vote fixée à 17h 00(14h00 GMT).

Dans la capitale Antananarivo qui enregistre plus de 2,7 millions d'électeurs inscrits dont une partie des 33 candidats en lice pour le Palais de Mahazoarivo, le scrutin se déroulait dans l'ensemble sans heurts, malgré la déception exprimée par certains habitants de ne pas retrouver leurs noms sur les listes électorales.

Le même sentiment était aussi perçu chez d'autres personnes qui, n'ayant pu pour diverses raisons retirer les fameux documents avant le jour du vote, se plaignaient pour leur part de ne pas pouvoir rentrer en possession de leur carte d'électeur. Ceux-ci dénonçaient une confusion dans la distribution des cartes par les autorités électorales.

Tout se passe bien jusqu'à maintenant, sauf quelques irrégularités constatées. Certains électeurs n'arrivent pas à voter parce qu'ils ne retrouvent pas leur carte. Il y a un lot important de cartes qui sont en souffrance ici, alors que leurs titulaires ont été inscrits ailleurs, a observé à Xinhua Etienne Ratefiarivololona, médiateur de l'Institut pour la gouvernance électorale en Afrique (EISA) rencontré au centre de vote d'Isoty.

Cette agglomération de la commune du 1er arrondissement de la capitale malgache concentre une population de condition modeste et abrite un grand marché qui, comme ailleurs dans la ville, est resté ouvert avec ses innombrables étals d'achalandage de friperie attirant tout aussi bien des foules d'acheteurs.

Avec leurs marchandises qui encombraient les différentes rues qui le traversent et rendaient la circulation automobile difficile, les commerçants de ce marché apparaissaient comme des laissés pour compte non intéressés par la vie politique de leur pays et s'attribuant le statut d'exclus volontaires du système électoral.

Avec l'appui des partenaires au développement dont les Nations Unies qui se sont chargées d'assurer la coordination d'un Programme d'appui au cycle électoral à Madagascar (PACEM) financé avec d'autres bailleurs de fonds à hauteur de plus de 26 millions de dollars sur 60 millions de budget global, la CENI-T a pourtant mené une importante campagne de sensibilisation de la population au sujet de cette élection.

C'est une opération qui visait à susciter une participation nombreuse à ce rendez-vous électoral qu'une grande majorité de Malgaches jugent crucial pour une sortie de crise.

C'est l'avis du jeune Maholy Ravoninjanaharg, étudiant de 22 ans en 3e année d'études de commerce international, qui a déclaré voter pour l'avenir de mon pays et du peuple malgache et attendre du futur président élu qu'il se mette au travail pour doter Madagascar des hôpitaux, des écoles, des espaces de loisir, créer des emplois et donner à manger aux pauvres.

"On espère qu'après cette élection la paix va s'installer et la sécurité va s'améliorer. Cette élection est comme une libération de la crise, une revendication de tous les droits qu'on nous a enlevés, par exemple la liberté d'expression qui est bafouée à travers la répression des grèves. Les violences faites aux femmes ont augmenté", a noté de son côté Nirina Andriamandamina, jeune femme exerçant comme agent commercial et marketing à Anatananarivo.

Pour sa soeur cadette Mbolasoa Andriamandamina, "parce que dans le chaos, notre souci c'est de se relever. Il y a l'insécurité qui s'est aggravée avec la crise. Si on vote, ce n'est pas pour nous ; c'est pour l'avenir". Une crise qui, a fait remarquer aussi Aimé Rama, fonctionnaire à la retraite, a entraîné la cherté de la vie, parce que le pays ne fonctionne pas.

Les Malgaches devront désigner leur futur président parmi 33 candidats au rang desquels figurent deux femmes. Une dizaine d'entre ceux-ci ont la faveur des sondages.

'"Cette élection, c'est l'espoir de Madagascar", a résumé Denis Rasamiarison avant d'estimer que "c'est encore difficile de faire un pronostic fiable. Mais ceux qu'on présente comme les grands favoris seront déçus. Ils ont distribué beaucoup d'argent pendant la campagne. Cela ne va pour autant pas amener les Malgaches à changer leur choix déjà arrêté. Ils sont comme ça, ils prennent ce qu'on leur donne parce qu'ils sont pauvres, mais leur avis reste intact ".

A cause du territoire national vaste (592.000 km2) et enclavé, le verdict des urnes ne sera pas connu avant plusieurs jours. Il a été annoncé par la présidente de la CENI-T pour une date située autour 5 novembre. Au cas où aucun candidat n'obtient la majorité de plus de 50% des voix requise, un second tour est prévu le 20 décembre, couplé à des élections législatives.