Le lien étroit eau-climat en Afrique décrypté par le GWP/AO

Afriquinfos Editeur
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Le WACDEP (Programme climat, eau et développement) est en ce moment le principal cheval de bataille du GWP/AO. Quelle nouveauté majeure ce Programme introduit-il dans le lot des activités de l’institution dont vous êtes le Secrétaire Exécutif ?

Le  Programme Eau, Climat et Développement (Water, Climate and Development Programme, WACDEP en anglais) est une initiative lancée par le Conseil des Ministres Africains en Charge de l'Eau (AMCOW, African Ministers’ Council on Water), en partenariat avec le Partenariat Mondial de l’eau (GWP) qui vise à intégrer la sécurité en eau et la résilience climatique aux processus de planification du développement et à renforcer tout singulièrement la résilience climatique. Dans l’énoncé de cet objectif, il apparaît clairement l’intérêt de travailler sur l’interface entre les changements climatiques et leurs impacts attendus, et les préoccupations de développement dans nos pays. 

La nouvelle donne sur l’évolution prochaine du climat n’est généralement pas prise en compte dans les différents Programmes et Plans de développement, et encore moins au niveau des instruments institutionnels, législatifs et juridiques. C’est en cela que réside la nouveauté essentielle que le WACDEP se propose d’apporter aux pays, à travers une démarche de concertation, de renforcement des capacités et d’actions pilotes. Le WACDEP à travers les projets pilotes est aussi l’occasion de démontrer que le GWP ne se limite plus seulement aux aspects d’appuis institutionnels de la GIRE (Gestion intégrée des ressources en eau), mais mène désormais des actions concrètes sur le terrain et qui ont un impact direct sur la vie des populations.

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Il faut donc situer le WACDEP dans le contexte de la mise en œuvre du Programme de AMCOW, et pour notre sous région, comme une contribution au Plan d'Action de la Politique des Ressources en Eau de l'Afrique de l'Ouest (PREAO), raison pour laquelle le Centre de coordination des ressources en Eau de la CEDEAO (CCRE-CEDEAO) y est fortement impliqué.

Qu’est-ce qui milite essentiellement en faveur de la mise d’un accent particulier sur la relation eau-changements climatiques dans le WACDEP ?

Le GWP/AO a accompagné avec ses partenaires un certain nombre de pays, et notamment le Cap- Vert, le Sénégal, le Mali, le Bénin et le Togo, à mettre en place leur Plan National de gestion Intégrée des ressources en Eau (PANGIRE). Et dans la foulée, certains pays comme le Togo ont adopté leur loi portant « Code de l’Eau et la politique nationale sur l’Eau ». Par ailleurs, des programmes d’action nationaux d’adaptation (PANA) aux changements climatiques sont adoptés par les différents pays. Il est anormal que ces deux outils qui se proposent de travailler chacun pour le développement socioéconomique du même pays ne mettent pas en place des actions conjointes. En effet, l’eau est un facteur essentiel, et même la manifestation la plus visible du climat ; sa bonne gestion concourt à optimiser la production en cas de pénurie, et à atténuer les effets adverses des sinistres en cas de catastrophes dues aux inondations.

Enfin, les actions de développement vont absolument faire appel à la mise en place d’infrastructures dont le dimensionnement ne peut ne pas tenir compte de l’état futur du climat, au risque de se voir ou surdimensionnées, ou très vite dépassées. D’où la notion d’investissement sans (ou à faible) regret que le WACDEP se propose d’introduire dans les processus de planification.

La Déclaration de décembre 2011 des chefs d’Etat de l’Union africaine sur l’eau et les changements climatiques a-t-elle influé sur le contenu du WACDEP ? De quelle manière ?

Si l’on se réfère à la genèse du Programme (WACDEP)qui a commencé sa formulation en 2009, nous dirons que c’est plutôt la déclaration des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine adoptée, en juillet 2008 à Charm el Cheikh en Egypte, qui est un repère essentiel. En effet, c’est pour donner suite aux engagements liés au changement climatique de la Déclaration de Charm el-Cheikh, que le Conseil des ministres africains de l’Eau (AMCOW,) a développé, en coopération avec le Partenariat mondial de l’eau (GWP, Global Water Partnership), le Programme WACDEP. Les déclarations et autres recommandations ultérieures n’ont fait que confirmer la pertinence d’une telle initiative.

Pourquoi ce Programme s’intéresse-t-il essentiellement à deux pays seulement dans notre sous-région, au détriment des autres ?

En réalité, le WACDEP se veut un programme couvrant l’Afrique toute entière. Cependant pour un dimensionnement raisonnable au départ, il a été convenu initialement une mise en œuvre dans huit pays (Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Ghana, Mozambique, Rwanda, Tunisie et Zimbabwe) et cinq bassins fluviaux transfrontaliers (Bassin de la Volta, Lac Tchad, Bassin du Kagera, Bassin du Limpopo et Système Aquifère du Sahara Septentrional). 

Nous avons bien entendu proposé pour l’Afrique de l’Ouest de travailler sur le bassin de la Volta et très étroitement avec l’Autorité de ce bassin, avec un accent sur le Ghana et le Burkina Faso, puisqu’il ne fallait en choisir que deux, parce que ces deux pays sont très engagés dans la mise en œuvre d’actions d’inspiration GIRE dont nous faisons la promotion.

Pour un projet d’envergure continentale, vous conviendrez bien que le WACDEP est relativement modeste, avec un budget de départ de 12,7 millions d’euros ! Les principaux partenaires financiers du programme sont les Coopérations Autrichienne, Danoise, et de la Grande-Bretagne. Il est attendu que d’autres partenaires apportent leur appui et permettent ainsi d’étendre l’action à plus de pays.