Les évêques du Togo et du Bénin solidaires de la recherche d’une solution apaisée au Niger

Afriquinfos Editeur
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Lomé (© 2023 Afriquinfos)- Parmi les nombreuses voix qui s’élèvent contre une quelconque intervention militaire au Niger, figurent celles des évêques du Togo et du Bénin.  Les prélats de ces deux pays se joignent à plusieurs voix qui proposent une sortie pacifique de la crise.

Au Togo, les évêques ont demandé trois jours de prières en signe de solidarité envers « le peuple frère du Niger », et ont ensuite appelé les décideurs politiques de la sous-région à revoir leur copie en levant les sanctions imposées par la Cédéao. Selon eux, cela faciliterait la rencontre de tous les protagonistes autour d’une table de négociation.

Dans sa déclaration sur la situation qui prévaut au Niger, la conférence des évêques du Togo, suggère la levée des sanctions imposées par la Cédéao. « Les victimes de ces sanctions ne sont pas seulement les cibles visées, mais plutôt toute la population de notre région », souligne la note.

« Ce n’est un secret pour personne que la situation économique de nos pays est très fragile. Nos populations ne sont pas encore sorties de la crise sanitaire. Alors que nous vivons encore dans cette crise, la guerre de l’Ukraine, qui se déroule à des milliers de kilomètres, a elle aussi des conséquences sur la vie déjà précaire des habitants de nos pays, et ceci sur tous les plans. Voilà que, nous-mêmes, chez nous, nous proposons des solutions de crise qui amèneront la violence et la guerre », s’est exprimé Mgr Benoît Messan Alowonou, président de la Conférence des évêques du Togo (CET) sur Rfi.

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D’un même son de cloche, les évêques du Bénin voisin disent également non à toute option militaire, et suggèrent le recours à «l’esprit de l’arbre à palabre très ancrée dans la tradition africaine». Les prélats béninois invitent par ailleurs à célébrer des messes pour la paix au Niger et dans la sous-région ce mardi 15 août et à observer un jour de jeûne le 18 août.

La conférence épiscopale du Bénin (CEB) propose l’option diplomatique, «faite des négociations, d’écoute, de réconciliation et de consensus conformément à  l’esprit de l’arbre à palabre très ancrée dans la tradition africaine», s’est-elle exprimée dans une déclaration, signée le 11 août 2023 par son président et archevêque de Cotonou, Mgr Roger Houngbedji. Les prélats rassurent suivre avec le développement de la crise qui secoue le Niger, «un pays proche, frère et ami». Ils exhortent à l’espérance, à l’engagement et à la prière pour la paix.

Les évêques béninois réaffirment leur opposition à toute option militaire qui puisse entraîner le Niger et la sous-région ouest-africaine «dans les affres des crépitements des armes et de leurs lourdes conséquences». «La guerre est toujours un tunnel sans issue, une aventure imprévisible» préviennent les prélats. Ils rappellent les mots de Jean Paul II adressés aux journalistes de la télévision italienne «Telepace» le 23 mars 2023. «La paix est la seule voie pour construire une société plus juste et solidaire. Jamais la violence et les armes n’ont résolu les problèmes des hommes. La paix est un don de Dieu et une conquête humble et constante des hommes», avait déclaré le saint Pape.

Les évêques exhortent leur pays le Bénin à être le porte-flambeau de la voie diplomatique, de la tolérance, du pardon mutuel et du consensus au sein de la Cédéao. Pour ce faire, les prélats appellent les autorités béninoises à s’inspirer de l’expérience de la Conférence des Forces Vives de la Nation de 1990.

Comme ceux du Togo, les prélats du Bénin manifestent leur désaccord face aux sanctions «d’une sévérité inédite imposées au Niger», [qui] « ne sont pas de nature à garantir le bien-être des populations, déjà confrontées au drame de la pauvreté et de la misère».

La conférence épiscopale du Bénin invite les prêtres à célébrer, «sur toutes les paroisses», une messe pour la paix au Niger et dans la sous-région ouest-africaine, le mardi 15 août 2023, en la solennité de l’Assomption de Marie, Reine de la paix. Ils appellent aussi les fidèles catholiques et personnes de bonne volonté à observer, le vendredi 18 août 2023, une journée de jeûne et de prière pour la même intention », mentionne la déclaration.

Cette initiative des prélats togolais et béninois  répond à un appel des membres de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (RECOWA) aux fidèles pour qu’ils demandent à Dieu de sauver le Niger « du chaos, de l’anarchie et de la guerre« .

L’évolution de la situation au Niger ne cesse de susciter des réactions depuis le coup d’État du 26 juillet qui a renversé le président Mohamed Bazoum.

V.A.