Lorsque les forces de sécurité égyptiennes sont parvenues à prendre le contrôle de la place Rabaa al-Adawiya à Nasr et de la place Nahda à Gizeh, où les manifestants ont participé à un sit-in depuis le 28 juin, au moins 278 personnes, dont 43 policiers, ont été tuées et plus de 2.000 autres ont été blessées à travers l'Egypte, selon le ministère de la Santé. Cheikh Ahmed al-Tayyeb, grand imam d'Al Azhar, la plus haute institution de l'islam sunnite, a exhorté tous les Egyptiens à faire preuve de retenue et de prudence dans l'optique de protéger le caractère sacré du sang égyptien.
Dans une brève déclaration diffusée mercredi, il a exhorté toutes les factions politiques à s'impliquer dans les efforts de réconciliation nationale. Il a précisé n'avoir eu aucune connaissance préalable des mesures musclées prises par les autorités pour disperser les sit-in. Les autorités égyptiennes se sont senties obligées de disperser les sit-in organisés sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda depuis le 26 juillet, lorsqu'elles ont obtenu l'aval de la population pour lutter contre la violence et le terrorisme, a noté mercredi le parti libéral Wafd. Le droit de manifester de façon pacifique et la liberté d'expression sont garantis, mais les manifestants sur les deux places n'étaient pas pacifiques. Ils cachaient des armes, a justifié le Wafd.
Dans son communiqué, le parti a accusé les Frères musulmans (FM), dont est issu M. Morsi, d'être responsables des troubles dans le pays. Les discours provocateurs des FM, leur mépris de l'Etat et leur manque de respect envers la volonté de la majorité de la population et de l'armée ont aggravé la situation et approfondi le clivage, selon le Wafd.
L'ancien candidat à la présidentielle Amr Moussa a annoncé que "toute la société égyptienne devrait s'opposer à toute tentative de créer de nouvelles violences à partir des incidents actuels". "La décision de disperser les sit-in des FM était cruciale", a noté Naguib Sawiris, entrepreneur et fondateur du Parti des Egyptiens libres. Lors d'une interview téléphonique avec CNN, M. Sawiris a souligné que personne n'acceptait les sit-in qui bloquent les routes et paralysent le développement économique. "Nous soutenons le peuple, l'armée et la police contre le terrorisme", selon Hamdeen Sabahi, fondateur du parti Courant populaire et ancien candidat présidentiel. Pour sa part, Abdel Moneim Aboul Foutouh, ancien candidat à la présidentielle et ancien dirigeant des FM, a déclaré avoir contacté de hauts responsables du gouvernement pour leur demander de prendre la décision nécessaire afin de mettre immédiatement un terme aux effusions de sang.
Pour M. Aboul Foutouh, la solution sécuritaire plongerait le pays dans une vague de violences et de chaos. Le parti ultra-conservateur al-Nour, deuxième grand parti islamiste égyptien après le Parti de la liberté et de la justice des FM, a appelé mercredi à la fin de la violence politique pour éviter de diviser la société en deux factions opposées. Le parti al-Nour a déclaré qu'il tenait l'armée responsable des effusions de sang après la répression des pro-Morsi par les forces de sécurité. En outre, le parti Dawaa Salafya (Salafist Call), réputé pour sa ligne dure, a exhorté le cabinet à démissionner dans le sillage de la répression sanglante contre les manifestants.
Dans un communiqué, le mouvement a condamné les affrontements violents, avertissant les Egyptiens des possibilités de dérive vers une mobilisation des deux parties qui risquerait d'affecter l'unité de la société. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a formé un groupe de travail de hauts responsables pour suivre les réactions étrangères sur les bouleversements politiques actuels en Egypte.