Kigali (© 2022 Afriquinfos)- « Allégations non valides » : c’est ainsi que Kigali qualifie le rapport de l’ONU accusant l’armée rwandaise d’être intervenue dans l’Est de la République démocratique du Congo ces derniers mois, directement et en soutien à des groupes armés. Le Rwanda avance en outre son « droit à défendre son territoire ».
« Le Rwanda a le droit légitime et souverain de défendre son territoire et ses citoyens, et pas seulement d’attendre qu’une catastrophe se produise« , a déclaré Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement, dans un communiqué diffusé dans la soirée.
Cependant, le rapport du Groupe d’experts bat en brèche les dénégations des autorités rwandaises et détaillent, preuves à l’appui, l’implication directe du Rwanda « unilatéralement ou conjointement avec les combattants du M23 » dans l’Est de la RDC. L’armée rwandaise a « lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des Forces armées congolaises » depuis novembre 2021 et jusqu’en juin 2022 selon les conclusions du rapport.
Le groupe d’experts de l’Onu dit avoir «obtenu de solides preuves de la présence et d’opérations militaires conduites par, des membres des Forces rwandaises de défense (FRD) dans le territoire de Rutshuru entre novembre 2021 et juillet 2022».
Les troupes rwandaises et le M23 ont conjointement attaqué un camp de l’armée congolaise en mai dernier à Rumangabo, ajoutent les experts. Quand le M23 a pris le contrôle de la ville frontière de Bunagana en juin dernier, des soldats rwandais étaient présents ou ont fourni de l’équipement aux rebelles, selon les enquêteurs.
Parmi les preuves rassemblées par les experts de l’Onu figurent des photos de soldats rwandais dans un camp du M23, des images filmées par des drones montrant des colonnes de centaines de soldats marchant près de la frontière rwandaise, et des photos et vidéos montrant des combattants du M23 munis de nouveaux uniformes et d’équipements semblables à ceux de l’armée de Kigali.
Le groupe rebelle tutsi M23, ou “Mouvement du 23 mars”, mène depuis mai dernier son offensive la plus importante contre l’armée congolaise dans l’est de la RDC depuis qu’il s’était emparé de pans entiers du territoire congolais en 2012 et 2013. Selon l’Onu, il contrôlait en juillet un territoire près de trois fois plus vaste qu’en mars.
Selon un autre rapport de l’Onu, des membres de l’armée congolaise ont soutenu et combattu au côté d’une coalition de groupes armés incluant les FDLR. Une cible du M23 et des opérations rwandaises en RDC est le groupe armé des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une milice hutue que le Rwanda accuse la RDC d’utiliser comme bras armé, ce que dément Kinshasa.
Le M23, pour « Mouvement du 23 mars », est une ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, qui a repris les armes en fin d’année dernière en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation et la réinsertion de ses combattants. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce que le Rwanda conteste.
Ce jeudi toujours, Kigali a récusé ces accusations, assurant que « la présence du M23 et ses origines » étaient « bien connues comme relevant d’un problème de la RDC » qui cherche à « faire peser le fardeau sur d’autres pays ».
Le Rwanda et l’Ouganda, autre pays voisin de la RDC, sont déjà intervenus militairement en territoire congolais en 1996 et 1998, affirmant vouloir se défendre contre des milices locales.
V. A.