Le parti de l’ancien président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré, renversé par un coup d’Etat il y a deux mois, a exigé jeudi « sa libération immédiate », estimant que son assignation à résidence depuis le putsch s’apparentait à une « détention ».
« 24 janvier – 24 mars : cela fait exactement deux mois que, suite au coup d’Etat militaire, le président Roch Marc Christian Kaboré n’est plus libre de ses mouvements », a déclaré le président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Alassane Bala Sakandé lors d’une conférence de presse, ajoutant que ses conditions de détention s’étaient récemment « durcies ».
« Pour nous ce n’est pas une résidence surveillée. Cette résidence surveillée où il ne peut passer qu’une heure avec ses enfants, où il n’a pas droit au téléphone, pas droit aux visites qu’il souhaite, c’est une détention du président Kaboré », a estimé M. Sakandé qui était président de l’Assemblée nationale au moment du coup d’Etat. M. Kaboré, accusé de ne pas avoir su endiguer la violence jihadiste qui mine le pays a été renversé le 24 janvier par une junte militaire conduite par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, aujourd’hui chef de l’Etat.
Il avait été placé en résidence surveillée dans une villa ministérielle du quartier de Ouaga 2000, où il a pu recevoir des dirigeants de son parti et à au moins deux reprises, les membres d’une délégation ouest-africaine venue à Ouagadougou.
Lors de leur dernière visite, il y a une semaine, les émissaires ouest-africains avaient pu s’entretenir avec lui et avaient trouvé qu’il avait « bon moral ».
Jeudi, M.Sakandé a invité « tous les démocrates et patriotes épris de paix et de justice à se joindre au MPP pour exiger la libération du président Kaboré ». La libération du président renversé a également été exigée par l’ONU, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao). Le paysage politique burkinabè est en pleine recomposition depuis le coup d’Etat. Plusieurs partis, dont le MPP, ont enregistré des vagues de démission laissant entrevoir selon des observateurs un projet de coalition pour la création d’un nouveau parti en vue des élections prévues à la fin de la transition, dans trois ans.