Le Maroc ferait-t-il face à un ouragan politique ?

Afriquinfos
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Rabat (© Afriquinfos 2017)- Tornade de limogeages au Maroc ! Ministres, hauts responsables, la liste est longue. En cause un rapport de la cour des comptes qui met en cause une mauvaise gouvernance du projet Hoceima Manarat Al Moutawassi. Dans son article, Hamza El Guili, explique décortique ces décisions. Il note d’abord que les limogeages ont été faits sans aucune logique mais qu’ils ont plutôt permet un « nettoyage » politique ciblé. L’auteur s’insurge surtout sur le fait que ces limogeages, certes très médiatiques, ne permettent pas de sanctionner les intéressés. C’est la porte ouverte à une irresponsabilité totale.

Après avoir reçu le 24 octobre dernier des mains du président de la Cour des comptes le rapport sur les failles de gestion du projet Hoceima Manarat Al Moutawassi (plan de développement provincial doté d’un budget de 600 millions d’euros), un des déclencheurs des manifestations au nord du Maroc, le souverain a décidé de relever de leurs fonctions quatre ministres et 14 autres hauts responsables, tandis que cinq anciens ministres de l’ancien gouvernement ne verront plus aucune responsabilité officielle leur être confiée à l’avenir. Ces derniers limogeages sont-ils la réponse idoine à la crise

Une nécessité de sanctions

Enfin, la reddition des comptes signifie que les sanctions doivent être prises d’une manière systématique, et toucher tous les responsables, quelque soit leurs niveaux de responsabilités. Pour ce faire, des règles objectives d’évaluation de la négligence et de l’irresponsabilité devraient être instituées de manière claire et précise. La transparence est essentielle dans ce processus, car elle garantit l’équité et la légitimité. En ce sens, il est aussi important de respecter le droit de défense de ceux accusés de négligence, notamment l’organisation d’auditions après enquêtes, afin que l’équité soit respectée. De même, la proportionnalité de la sanction au mal causé devrait être respectée et pourquoi pas ajouter l’exigence de réparation, et ne pas se contenter seulement de limogeage. Enfin, il faudrait arrêter le recyclage des responsables impliqués dans des scandales pour ne pas normaliser l’irresponsabilité.

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Des réformes s’imposent

Depuis son accession au trône en 1999, le roi Mohamed VI aurait frappé l’un de ces grands coups. Toutefois, il faut réellement espérer que le dernier « séisme politique » ne se contentera pas uniquement de faire une dizaine de boucs émissaires dans l’exécutif. Parler d’une nouvelle ère de « reddition de compte » nécessite une réforme en profondeur des règles du jeu en matière de gouvernance des instances publiques. Cela permettra d’instaurer une véritable culture d’évaluation et de résultat synonyme de mérite et de responsabilité dans la gestion des affaires publiques.

 

V.A