Le khat, drogue sous d’autres cieux, précieux or en Ethiopie

Afriquinfos Editeur
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Carte de l'Éthiopie localisant les zones de Ouest Wollega et Qellem Wollega dans la région de l'Oromia.

Addis-Abeba (© 2023 Afriquinfos)- Classé comme psychotrope et interdit d’exportation dans certains pays, le khat une plante, à la capacité médicinale, fait pourtant le bonheur des agriculteurs éthiopiens. Très prisé en Afrique de l’Est, le khat est même devenu la quatrième plus importante source de revenus du pays.

 Ne leur dites surtout pas que c’est une drogue, pour eux, c’est leur or vert. Depuis la légalisation du Khat en Ethiopie, les agriculteurs locaux se frottent les mains. De plus, le gouvernement contribue au développement de la filière. C’est à ce titre que le ministère éthiopien du Commerce et de l’Intégration régionale a suspendu l’obligation de contrat d’exportation pour cette plante. Résultat, en 2021, les exportations de Khat ont généré 372,3 millions de dollars, devenant ainsi la quatrième source de devise du pays, après le café, l’or. Son exportation se fait désormais sans les autorisations du ministère qui avait exigé auparavant l’enregistrement des contrats d’exportation. La décision a été motivée par le souci de lutter contre les pratiques généralisées de sous-facturation et de la contrebande. Le ministère a également mis en place un guichet unique qui fournit sur place des services de douane, de change et d’octroi de licences dans un seul bureau.

Le khat est très prisé dans la région Est du Continent, entre autres, l’Ethiopie, Djibouti, Kenya, Somalie et Tanzanie. La plante est aussi très demandée dans des pays asiatiques et aussi dans plusieurs pays européens. Une aubaine pour les autorités éthiopiennes qui ont mis en branle, un programme de diversification de l’économie agricole qui était jusque-là dominée par le café, le teff et l’élevage. Les agriculteurs locaux ne veulent pas laisser passer ce filon. Nombreux parmi eux ont se tournent progressivement vers le khat, au détriment du café. Il faut dire que la précieuse plante joue un rôle crucial dans l’amélioration des conditions de vie dans les zones pauvres, le Khat est source de revenu pour les cultivateurs qui la troquaient contre des produits alimentaires et autres biens de consommation, de boissons et habits.

Pourtant, malgré cette hausse de la demande et les bonnes affaires que font les cultivateurs éthiopiens, le Khat n’a pas pignon sur rue dans certains pays, européens notamment. Selon l’Observatoire européen des drogues et toxicomanie, c’est un produit considéré comme  stupéfiant dans 17 états membres de l’UE, dont la France, ainsi qu’en Norvège. Le khat est en réalité un « stimulant qui soulage la fatigue et la faim » en procurant une sensation « d’euphorie » et en renforçant « la vigilance, l’énergie et l’estime de soi ». Ces effets peuvent s’étendre jusqu’à 24 heures et la phase de « descente progressive » peut s’accompagner d’agitation, d’irritabilité et de mélancolie. Une dépendance peut se créer en cas de consommation excessive, accompagnée de troubles somatiques et pour la santé mentale, précise l’EMCDDA.

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S. B.