Laté Richard Lawson-Body, ambitieux pour la calligraphie «made in Togo»

Afriquinfos Editeur
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Laté Richard Lawson-Body, 27 ans, peintre-calligraphe du Togo, nourrit beaucoup d’ambitions pour l’Art togolais en général. Raison pour laquelle il embraye sur les originalités qui définissent sa conception des arts plastiques. Edem Gadegbeku, journaliste pour Afriquinfos, l'a rencontré pour vous :

Edem Gadegbeku – Qu’est-ce qui fait votre actualité en ce moment ?

Laté Richard Lawson-Body – Actuellement, je peins beaucoup et je poursuis mes recherches autour des thématiques de la « Paix et Droits Humains » ; ce sont des thèmes majeurs de mon travail. Disons que je reviens fraîchement de Kpalimé où je viens d’initier une vingtaine de jeunes aux Arts plastiques dans le cadre du Forum national des jeunes d’Amnesty-Togo.

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 Quelle est l’exposition ou la collection d’œuvres dont vous êtes le plus fier, depuis le début de votre carrière ?

 Elles sont nombreuses. Disons que je suis plutôt fier de chacune de mes expositions. Car non seulement je me fais découvrir au public à travers mes œuvres, mais aussi j'apprends des compliments et critiques que cela m’attire. Mais, je garde tout particulièrement en mémoire « l'Exposition collective de Tableaux de Peintures et Calligraphie » à laquelle j'ai participé, sur l'initiative de l'AMJP (Association des Messagers de la Jarre de Paix). C’était dans le Grand Hall de l’Etat-major Général des Forces Armées Togolaises, dans le cadre de la visite de Mme Angela Kane, Secrétaire Général adjoint des Nations Unies pour le désarmement au Togo.

Pour moi, ce fut un apport inestimable à ma carrière ! En parlant de collection d'œuvres, je suis également fier du fait que certaines de mes œuvres décorent le siège d'Amnesty International-Togo, situé à Lomé.

Quel regard jetez-vous sur les efforts déployés ces dernières années par les autorités togolaises pour tenter d’épauler le secteur artistique en général ?

 Le secteur de l'Art, le plus clair du temps, a été relégué au dernier plan au Togo et les artistes étaient laissés à leur propre sort. Cela a une répercussion très négative sur la compétitivité de nos artistes sur le plan international. Même si quelques rares noms arrivent à faire des exploits, à émerger du lot.

Mais ces dernières années, avec la mise en place d’un  Ministère consacré aux « Arts et à la Culture », on sent que les dirigeants de notre pays sont en train de prendre conscience de l'apport des artistes, tous secteurs confondus, dans le développement d'une nation. Je salue ici l'instauration et l’opérationnalisation du « Fonds d’Aide à la Culture », même si beaucoup d’autres efforts restent à accomplir.

Que faut-il améliorer dans ces efforts, par exemple eu égard à votre statut de peintre-calligraphe ?

 Nous avons besoin d’un « Centre de formation et de recherches pour les professionnels des Arts comme les Ecoles de beaux-arts ». Cela pourra engendrer une émulation et améliorer la qualité de nos artistes. Car nous sommes dans un monde de compétition et seuls des artistes ‘‘bien formés’’ pourront répondre aux exigences d’un marché de plus en plus étroit.

 Quelle place occupe la calligraphie dans les arts plastiques en République du Togo ?

La calligraphie est un art qui se pratique par peu de Togolais. Je dirai même que la pratique de la calligraphie comme art est presque inexistante au Togo. Le peu de gens qui la pratique le fait de façon artisanale. La plupart s’adonnent à la sérigraphie ; une technique d’imprimerie des lettres, de façon répétitive qui est pratiquée par les dessinateurs pour peindre les affiches publicitaires.
 

Associer  peinture, calligraphie et poésie répond-il à un besoin de combler un vide dans votre approche de l’Art ?

 L’association de toutes ces formes d’arts que vous venez de citer répond à une démarche personnelle. Je les associe le plus souvent pour apporter ma touche particulière à certaines œuvres et créer d’autres fortement expressives.

Je dirai qu’étant pour le moment le seul qui les pratique de façon affirmée et combinée, alors certainement que je comble un vide. J’aimerais souligner une chose : c’est que l’association de ces trois formes d’arts n’est pas une chose systématique pour moi. Je les combine suivant le cours de mon inspiration.

 L’artisanat togolais attire beaucoup de jeunes Togolais. En dehors des autorités togolaises, quel type d’organisation interne les artisans peuvent-ils/doivent-ils eux-mêmes mettre en place pour intéresser davantage de monde à leurs productions artistiques ?

 Ce que je dirai est qu’un artisan reste un artisan, c'est-à-dire quelqu’un qui travaille de ses mains pour en vivre. Je crois que nous devons plutôt faire appel aux jeunes titulaires de diplômes en Communication, Gestion ou Marketing à s’intéresser à l’artisanat qui est un secteur très porteur et qui a juste besoin d’une meilleure organisation pour atteindre plus de monde. Et ceci faisant, tout le monde en sort gagnant.

 L’un des grands maux du monde artistique togolais réside dans ses difficultés d’exportation. Du coup, les œuvres « made in Togo » sont méconnues  généralement à l’étranger. Comment remédier à court et à moyen termes à ce mal ?

 Pour remédier à ce mal, les artistes ont besoin d’être initiés à l’internet et aux nouveaux médias. Ils doivent aussi maîtriser les rouages du commerce électronique. L’Art étant une vitrine pour vanter le patrimoine culturel d’un pays et attirer les touristes pour faire rentrer des devises dans la caisse de l’Etat, nos dirigeants doivent prendre la mesure de cet enjeu, définir une politique adéquate embrassant les secteurs du commerce, de l’artisanat et du tourisme. Ainsi, vous verrez que les œuvres « made in Togo » ne vont plus hésiter à conquérir le monde.

 Avez-vous des projets dont la réalisation vous tient à cœur dans les prochains mois ou dans un avenir très proche ?

 J’ai plusieurs projets sur lesquels je travaille ardemment depuis quelques temps. Mais je préfère réserver la surprise à mon public qui me découvrira incessamment. 

Interview réalisée à Lomé par Edem Gadegbeku

 

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